🧶Ne me remerciez pas, je viens de lire pour vous (de rien) le brillant article du Le Figaro Magazine : "Ils nous font aimer l'histoire". Je résume, parce que ça vaut son pesant de cacahuètes :
Ça commence avec Guillaume Perrault, qui est allé « à la rencontre des conteurs d’histoire les plus talentueux du petit écran et de la radio » (les moins talentueux apprécieront). https://t.co/0yy4YQ7sB5
Et il l’a fait avec bravoure, « au risque de déranger mandarins de l’université [pif] et idéologues sectaires [paf] jaloux de leur popularité [vlan] et imprégnés d’une vision wokiste ou marxiste de l’histoire ».
Les grands mots tout de suite sont lâchés, ça soulage.
L’article commence par nous réconforter : « le goût des Français pour l’histoire n’a jamais été aussi vif ». Nous voilà rassurés. Pour le prouver, parle-t-on des récentes enquêtes et sondages qui le montrent ? Non, il aurait fallu pour cela faire un travail journalistique.
La preuve, ce sont les succès d’audience de ces trois mousquetaires qui sont quatre (Stéphane B., Lorà nt D., Franck F., Virginie G.) et qui dans leurs styles différents et sur leurs médias respectifs, « ont le souci de faire partager au plus grand nombre leur amour du passé ». https://t.co/oxqZOpdDni
Leur registre ? « L’histoire populaire » qui « a toujours fleuri en France, parallèlement à l’histoire universitaire ». Et d’évoquer Gosselin Lenotre (1955-1935) [qui ça ?], « surnommé [par qui ?] le pape de la petite histoire ». J'ai d'autres noms à donner s'il faut.
Sans oublier « la revue Historia d’antan » [rappelons que si c’est d’antan c’est toujours mieux], et tous ces « conteurs des gloires de la France comme de ses jours de malheur » [mais surtout les gloires, hein ?].
À leur époque tout allait bien : « l’enseignement de l’histoire à l’école ne suscitait aucune inquiétude », les Français « savouraient en copropriétaires » [ça fait rêver, une société de copropriétaires], leur histoire et leur patrimoine sans aucun doute sur son avenir… https://t.co/8QvPnvPm44
Et puis patatras : est venu le temps de « l’affaiblissement de l’apprentissage de l’histoire du primaire au lycée » (heureusement il reste l’Université 😬). Rendez-vous compte : « la date du 10 mai 1940 n’évoque rien pour un Français de 20 ans » (mais lequel ? On ne saura pas).
Stéphane, la « figure de proue de l’histoire grand public », renchérit, navré : « Depuis les années 1970, à l’école, il est interdit d’enseigner le passé de façon charnelle ». Il y a apparemment des circulaires avec écrit dessus en rouge : PAS DE CHARNEL A L'ECOLE ! https://t.co/wianm5UVV8
Franck lui a une théorie sur la répartition des tâches, genre le chercheur il découvre le diamant brut et après les autres le sertissent, c'est un peu long à résumer mais on reconnait là sa grande compétence en sociologie des professions de la recherche, qu’il côtoie souvent. https://t.co/FUnP8saJke
Lorà nt, « titi parisien à l’énergie si débordante qu’il redonnerait le moral à un neurasthénique » [sic], défend, lui, la vulgarisation qui n’est pas vulgaire vu que la Vulgate de St-Jérôme est une traduction de la Bible en latin et que le français est une vulgarisation du latin. https://t.co/nW7cS9AsbC
Virginie , disciple d’Henri Guillemin (mais « au plan artistique et non intellectuel », hein ? Il faut savoir séparer l’homme de l’artiste) est d’accord avec ça : « Il est possible de tout expliquer sans pédanterie » (dans vos faces, les pédants).
« On peut raconter la grande histoire par la petite », dit-elle encore, même que elle, dans ses émissions, des fois, elle « glisse des analyses » (mon Dieu ! et elle est toujours à l’antenne ? Alertez la direction d'Europe 1).
Stéphane-la-figure-de-proue se voit lui comme un passeur et pas comme un vulgarisateur. Lui il est modeste, il s’efface « derrière les meilleurs spécialistes des personnages historiques » et ne dit jamais ce qu’il en pense (on ne saura donc pas s’il en pense quelque-chose).
Le problème avec tout ça, ce sont « les procès en illégitimité » qui « sont fréquents en France [fichu pays] lorsqu’on n’appartient pas à une corporation » [celle des conteurs d’histoire, par exemple].
Alors que les trois mousquetaires qui sont quatre ne sont pas illégitimes :
Virginie a une thèse de la Sorbonne commême (« fort sérieuse quoique son titre émeuve l’imagination » parce que ça parle d’érotisme à Rome et visiblement l’auteur en est tout ému), alors on peut dire que c'est une "historienne" (encore et toujours la sociologie des professions). https://t.co/0tT9Ri9X8v
Franck lui a un DEA d’histoire de l’EHESS (excusez du peu), mais on l’a forcé à le faire parce qu’à chaque fois qu’il levait la main dans un colloque pour poser une question il devait « affronter le regard suspicieux des universitaires » (il devait avoir du chocolat sur la joue) https://t.co/GV1i8hOHGZ
Parce que figurez-vous que, « dans pareil cénacle » chacun doit « décliner ses titres et qualités qui fondent son droit à la parole ». C’est pour ça que les colloques durent toujours très longtemps. L’auteur en a apparemment vu assez ces derniers temps pour pouvoir en témoigner.
Heureusement il y a leurs fans pour les réconforter et les soutenir contre ceux qui les attaquent, « quelques historiens » (ils se reconnaîtront), heureusement « peu nombreux au regard des effectifs de la profession » (toujours cette grande précision sociologique).
Ils sont alliés à « certains élus d’extrême-gauche » (on ne parle pas des wokistes, c'est inclus dans le package). Aucun n'est du reste exempt d’une certaine « agressivité » qui peut confiner à la « grossièreté ». Méchants et vulgaires, ils sont bien de gauche. https://t.co/1zGbOsctr7
C’est quoi leur reproche ? « présenter une image désuète et orientée du passé national, qui mettrait l’accent sur les 40 rois qui ont fait la France (ils manquent pas quelques Mérovingiens là ?), leurs châteaux et le blanc manteau d’églises et de cathédrales du pays. » So what ? https://t.co/QxtFRab9fS
Stéphane-la-figure-de-proue en a marre du « délit de sale gueule » [sic]. C’est quand même pas de sa faute si « les rois intéressent plus le grand public que les révolutionnaires et les personnages de la Terreur » ! Désolé les gauchistes.
La preuve : Louis XVI a fait 3,9 millions de téléspectateurs, et cette hystérique d’Olympe de Gouges seulement 2,6 millions. Enfoncée, la virago ! Encore et toujours de la sociologie de la culture d’une grande rigueur. https://t.co/es6E9ueZeU
Franck fait preuve de « probité intellectuelle » en présentant tous les points de vue sur les guerres de Vendée (même les moins défendables donc).
Lorà nt a bien le droit d’être favorable à une monarchie constitutionnelle (vous plaignez pas, il pourrait être absolutiste).
Du reste, il a bien commis quelques erreurs, mais ceux qui les ont relevé n’ont agi que par « jalousie » et « désir de publicité ». D’ailleurs Aulard en son temps avait lui-même fait des erreurs en voulant montré celles de Taine.
Aulard, Taine, Deutsch, même combat.
Heureusement, « une large partie des enseignants du collège » aiment les conteurs d’histoire et le leur disent, par « de nombreux témoignages d’estime » (tellement nombreux qu’on n’en cite aucun).
« Le comédien » Lorà nt les aide bien à affronter « l’adversité en classe » (car oui l’école c’est plus ce que c’était) et Virginie est là pour les sauver dans la préparation du brevet et du bac (comment ils feraient sinon ces incapables ?). https://t.co/KNDOAUcoWH
Conclusion : les trois mousquetaires qui sont quatre sont les dignes héritiers de Decaux, « l’instituteur national de l’ère cathodique ». Il n’avait aucun diplôme d’histoire mais, consécration suprême, Pierre Nora a dit du bien de lui.
Combien d’entre vous peuvent dire la même chose ?
Bon allez, je retourne préparer mon cours, parce que je ne suis qu'universitaire et je dois faire des lectures un peu actualisées pour pouvoir faire mes cours, à défaut de faire aimer l'histoire... https://t.co/OZ4t9ug3VU
(Et désolé pour les coquilles, j'ai perdu deux ou trois neurones à lire l'article 🤯)