Petit #Thread d’entrepreneur, une histoire drôle qui date de 2006, quand j’ai coté mon entreprise en Bourse… Elle s’appelait RENTABILIWEB, et on voulait me coller le code « REN » au cul !
Et moi, je voulais pas.
=> #thread
On est en 2006. Je dirige une petite entreprise, partie de rien, crée avec un capital de 12 000 euros issu de la vente de ma voiture, de mes meubles et du reste de mon appartement après solde de mon crédit…
4 ans avant, j’avais inventé un système de micropaiement par audiotel.
Un ami hacker de 15 ans m’avait programmé un robot qui délivrait des codes et avec ces codes on permettait l’accès à des services financier à forte valeur ajoutée.
Les cours de Bourse (payants à l’époque), les datas des greffes des tribunaux de commerce etc.
Ça à bien marché alors on a étendu nos services à tous les commerçants. En 4 ans, on avait dépassé les 100 millions de francs de CA.
Avec ma bande de fous furieux on avait peur de rien. Et quand un type nous a approché pour nous « coter en Bourse », bah, on l’a écouté...
Aucun de nous n’était « capitaliste », au contraire… Imaginez une sorte de clan, composé d’originaux, de marginaux, brillants, compétents, différents.
Nous venions tous d’un milieu modeste. Nous avions tout à prouver. Et on prouvait.. chaque jour.
Le type nous promettait des millions en «levée de fonds» auprès « d’investisseurs », il nous vendait une "notoriété", un « impact presse », etc.
Moi, je pensais qu’on n’avait pas besoin de « lever des fonds ». Du fric, on en gagnait, et on le réinvestissait intelligemment.
On grandissait vite, on créait bcp d’emplois, on parvenait à se payer à peu près tous les mois, bref.. J’étais pas convaincu qu'on ai besoin de ça.
Pour l’argument « super, des investisseurs », il m’effrayait plus qu’autre chose.
L’idée de gens qui jouent avec de l’argent gagné par d’autres, ça m’effraie encore.
Mais c’est le principe des banques… Et de la Bourse...
Et des politiques...
Tout ça ne me plaisait pas.
Pour l’argument « notoriété » et « impact presse », c’était encore pire.
Jamais je n’ai voulu être « connu », jamais je n’ai aimé ça.
Je savais qu’en acceptant la cotation Boursière, je devrais « représenter » ma boite. Donc, sacrifier ma tranquillité et ma discrétion maladive
Bref, cette cotation en Bourse ne me plaisait pas. La Bourse ne me plaisait pas, même @obernasson je l'aimais déjà pas.
Le CA s'est réuni, et de toute ma carrière, ce fut la SEULE fois ou je n’ai pas voté comme l’ensemble de mon Conseil d’Administration.
Car j’ai voté « contre ».
Mais j’étais le seul. La décision a été votée. Et je l'ai assumée jusqu'au bout.
Avec le recul, ils avaient raison.
J’avais peur, pas eux.
Je n'avais pas compris que la Bourse c'est aussi le «petit actionnaire », le petit épargnant, le retraité avec son PEA qui espère que l’entreprise va marcher.
Pour moi la « Bourse » c’était juste le grand capital nocif.
J’ai appris à aimer ces petits actionnaires avec le temps, mais sur le moment, je l’avoue, je n’en voulais pas.
Ni d’eux, ni de ces fameux « investisseurs » ou « fonds d’investissement ».
Et arrive le moment ou le dossier est accepté par les autorités.. Et ça part en couille..
Il fallait m’attribuer un « code ». Un truc de 3 lettre que les gens taperaient sur les services pour avoir le cours de Bourse de ma boite.
Par exemple pour Airbus, c’est AIR. Carrefour c’est CA, Safran c’est SAF, Vivendi c’est VIV etc
Ma boite s'appelait à l'époque "Rentabiliweb".
DONC: ça tombait sur « REN ».
Juste pas possible ptin !
Je refuse!!!! Et là, c'est le drame...
« REN » ça fait vomi, ça fait « rien », bref, ça me plaisait pas du tout ! Moi je m’appelait « rentabiliweb », et je voulais « web »
Sauf qu’une petite boite de webmarketing s’était cotée avant nous, et s’appelait « weborama »…. DONC elle avait eu le code « WEB », les enfouarés! https://t.co/pdZESl6pEZ
Alors j’ai demandé à la Présidente d’Euronext à l’époque, d’avoir « BIL »
C’était cool « BIL »
Genre Billy the kid, Kill Bill, Biloute, etc
J’aimais bien BIL, et je voulais pas REN !
Refus total et ferme de la Présidente. https://t.co/F3t7xI36ga
Une lettre, très polie, super bien tournée, mais que je traduirais par « va te faire foutre pauvre prolo, c'est comme ça et pas autrement ».
Donc, bien sur, j'appelle la Présidente...
« Bonjour madame la Présidente, je vous appelle au sujet du code de mon entreprise. REN. Je veux pas ça.
« Ouais bin je m’en branle, c’est "REN" ou rien. Vous vous appelez « Rentabiliweb » et on prend les 3 premières lettres. Va chier.
(J’avoue, je résume)
Moi : "non mais oooh ! pitiéééé ! pas REEEEN ! Si « WEB » est prit, je veux « BIL » ! Ahah C'est cool Bil ! Allééééé !! fé pas ta poucave!! On dit rien, et tu me file BIL ! Alléé
Elle : "non.
Moi : « ok, je comprends. C’est les trois premières lettres. Mais moi, je veux pas "REN". Donc je vais immédiatement appeler mes avocats et je vais leur demander de faire les formalités juridiques pour que mon entreprise change de nom...
« Je veux qu’elle s’appelle désormais "ZOBinternational". Donc, j’aurais le code « ZOB ».
Et là, ça me fera marrer"
Et je raccroche.
J’ai su des années après, qu’elle avait appelée plusieurs personnes, des grands patrons et des politiques qui me connaissaient.
Tous lui ont dit « il va le faire »
Et effectivement, j’allais le faire...
3 semaines plus tard, j’ai reçu un papier officiel. Le code de mon entreprise était « BIL. ».
Voilà, ceux qui se posaient la question savent désormais l'histoire :)
Fin du #thread https://t.co/Q8yZJm8y8w