Emile Kemmel
@KemmelEmile
Sat Nov 21 18:16:34 +0000 2020

Le 11 juin 1980, à la sortie du conseil des ministres, les photojournalistes de l’Elysées refusent de prendre des clichés et posent leur appareil au sol.
La raison ? Un matraquage lors d’une manif quelques jours auparavant.

THREAD à dérouler👇 #StopLoiSecuriteGlobale https://t.co/Mv6wmRSiG7

Pour comprendre, un peu de contexte : en 1980, Valéry Giscard d’Estaing est Président de la République. Il doit subir une forte crise économique. L’inflation s’envole. Il doit faire des économies.

Le gouvernement souhaite signer un projet de nouvelle convention médicale. Parmi les mesures proposées, la création de 2 secteurs tarifaires chez les médecins. Les syndicats craignent l’instauration d’une médecine à deux vitesses.

Le 5 juin 1980, la journée est marquée par une importante grève dans plusieurs secteurs. A Paris, près de 50 000 manifestants défilent à l’appel de la CGT. https://t.co/gt9TVzs41m

A la fin de la journée, une seconde manifestation, regroupant seulement entre 3000 et 5000 personnes, avait lieu du côté de l’avenue Duquesne, adresse du ministère de la Santé.

Une délégation de manifestants demande à être reçue par le ministre de la Santé, Jacques Barrot. Leur demande est refusée. De même pour rencontrer le Premier Ministre Raymond Barre.

Les manifestants décident alors de se mettre en marche vers le palais de l’Elysées et remontent le boulevard des Invalides. https://t.co/vHa9XUlY7h

Mais arrivés sur le pont Alexandre III, un cordon de CRS bloqué le passage. Des manifestants veulent forcer le passage et des heurts éclatent.
: 5 médecins, 2 photographes (Georges Bedrihem de l’AFP et Jean-Pierre Defail du Point) ainsi que le motard de l’AFP sont blessés. https://t.co/7IyO3dPP9O

Sous la « brutalité policière », comme l’écrit Le Monde, 5 médecins, 2 photographes – Georges Bendrihem de l’AFP et Jean-Pierre Defail du Point – ainsi que le motard de l’AFP sont blessés.

« Victime d’un matraquage de la part des forces de l’ordre, le photographe de l’AFP Georges Bendrihem proteste avec conviction. », écrit de son côté le photojournaliste Alain Keler pour accompagner son cliché sur son blog. https://t.co/LDkqEpdpjF

Suite aux événements, les syndicats des médecins comme de journalistes protestent : « Chacun a vu les photos où un gradé en uniforme matraque sauvagement notre collègue qui a été blessé à l’œil droit », écrit l’Union nationale des syndicats de journalistes (UNSJ).

A l’AFP, un arrêt de travail de 30 minutes a été observé et son PDG, Henri Pigeat, écrit au ministre de l’Intérieur.
Un appel à boycotter toutes prise de vue le 11 juin, jour du conseil des ministres, est lancé par l’UNSJ.

Le mouvement est largement suivi et à la sortie du Conseil des ministres du mercredi, les photographes déposent leur appareil dans la cour d’honneur de l’Elysée. Seule une photo est prise👇 https://t.co/IkqOAQPd0q

En réponse, le ministre de l’Intérieur, Christian Bonnet exprime ses regrets et demande au préfet de police de rendre des comptes. Il indique aussi que des sanctions seront prises au vue de l’enquête.

Alors que les violences envers les journalistes sont de plus en plus fréquents, l’UNSJ réclame la création d’un brassard de presse valable sur tout le territoire.

Il faudrait attendre novembre 1980 pour que la brassard soit créé, après plusieurs protestations des journalistes. Il est délivré par la CCIJP, qui délivre la carte de presse, et doit assurer « une réelle protection vis-à-vis des forces de l’ordre », s’engage alors le ministère.

40 ans après, le brassard n’a pas pour autant résolu le problème et des journalistes sont encore victimes de violences dans les manifestations.
Au contraire, la Loi de Sécurité Globale vise à limiter la diffusion de ces violences. #StopLoiSecuriteGlobale https://t.co/jDoW7vMmLw

Merci d’avoir lu ce thread !

Merci beaucoup pour tous vos retours.
Comme il me l’a été conseillé, je précise dans ce tweet les principales sources qui m’ont aidé pour ce thread : Le Quotidien du Médecin, les archives du Monde et le site de l’INA.

Pour les photos, je n’ai pas retrouvé le nom de l’auteur de la fameuse photo (si jamais vous l’avez je suis preneur), tout comme celui de la 1ère photo de G. Bendrihem (Getty mentionne seulement l’AFP). La seconde photo est signée Alain Keler, photographe de l’agence Sygma.

.@julienmuguet me signale qu'il s'agit d'une photo de Pierre Guillaud de l'AFP. https://t.co/jbzHRQgcdn

Sun Nov 22 18:54:34 +0000 2020