Laurence Bindner
@LoBindner
Tue Oct 20 09:31:36 +0000 2020

(Fil) Suite à l'enchainement des faits ayant mené à la l'attaque de Conflans-Ste-Honorine, qq remarques sur la difficulté de légiférer en ligne. On marche sur une ligne de crête & la question implique ds arbitrages d’ordre juridique, pratique, philosophique, politique, technique.

NB - L'enquête confirmera s'il y a effectivement eu un passage de témoin entre militantisme en ligne et acte terroriste, et établira de manière précise le continuum des événements entre online et offline.

Les difficultés à légiférer notamment sur les contenus *à caractère terroriste* ont été développées dans ce papier de 2019 au sujet du Règlement de l’UE sur les contenus terroristes en ligne #TERREG écrit pour @UltimaRatio_ avec @einfal
https://t.co/yGJPdBEgvF

On se situe néanmoins ici dans une sphère élargie de contenus dépassant la stricte définition de contenus à caractère terroriste (façon de parler puisque circonscrire cette définition est précisément une partie du problème).

Alors que les contenus "à caractère terroriste" jouissaient d’une bonne visibilité et accessibilité il y a encore quelques années, les plateformes grand public ont nettement progressé pour limiter leur prolifération, même s'il reste encore de gros progrès à faire.

L’op sous l'égide d'Europol fin 2019 pour éliminer les contenus EI de Telegram a modifié la dynamique : + de pression sur ls réseaux sociaux, certes, mais aussi accélération de l’atomisation de ces contenus sur ds plateformes + confidentielles, accentuant ainsi leur "confinement"

[NB sur les conséquences immédiates de cette opération et la question du confinement, ce papier avec @einfal pour @UltimaRatio_ ] https://t.co/2ZXeEaAbIP

Désormais, la surface de contact de ces contenus terro avec le public est moindre. La nette contraction des publications officielles EI y contribue, même si elle est compensée par la publi de contenus recyclés ou auto générés par ls media affiliés, & la persistance de contenus AQ

Ce confinement de contenus ouvertement terroristes est lui-même compensé par plusieurs phénomènes. En particulier des comptes publiant des contenus EI non violents, non brandés (sans logo), essaimant et banalisant dans l’espace public une rhétorique, un champ lexical de rupture.

Et d’autre part des comptes militants qui bénéficient parfois d'une large audience, peuvent s’exprimer par références, par sous entendus, sans franchir la frontière de l’illégalité, mais dont la rhétorique a évidemment un impact non neutre auprès de leur audience.

Alors que les autorités et plateformes paraient (à juste titre) au plus urgent (contenus violents, apologétiques etc), une forme de violence dégradée (haine en ligne au sens large) s'est installée (bénéficiant aussi d'une volumétrie importante) qui passait au second plan.

Alors que les contenus graphiques et explicitement violents retenaient attention & ressources, la fenêtre d’acceptabilité par rapport aux contenus haineux s'est élargie. C'est cet environnement là, (existant par ailleurs dans chaque sphère/mouvance) qu'il sera délicat de réguler.

Réglementer sur des contenus hors la loi est déjà complexe. La réglementation sur des posts ou messages allusifs, suggestifs, incitatifs, parfois subliminaux le sera encore plus.

On ne se situe ici au-delà de la dynamique de repérage - suppression.
Ce sont les critères définissant les menaces crédibles qu'il convient de réévaluer, le périmètre de ces menaces et la façon de les contrer.

En particulier, face à la volumétrie de cette haine en ligne (terme volontairement imprécis), l'urgence serait d'établir un corpus de critères sur le "haut du spectre", ainsi que les moyens (légaux, techniques etc) de resserrer la veille autour de ces critères.

En particulier, ces critères peuvent concerner la récidive, ls désignations nominatives/précises, l'intrication d'1 compte dans un écosystème radical, le volume de son audience, etc.
NB- On note que dans le cas de Conflans, l'anonymat n'aurait (l'enquête dira) qu'1 rôle partiel.

Un des autres éléments importants : les moyens et ressources accordés à cette veille, à nouveau en regard de son volume, ainsi que l’accent mis sur la veille d’un potentiel continuum de la menace online – offline.

La lutte contre la haine en ligne est donc complexe, un ‘fine tuning’ qui doit être mené de manière systémique, au delà du cercle politique : a minima à l'échelle de lUE et nécessairement avec les plateformes, autorités, spécialistes juridiques, experts cyber, développeurs - etc.

Sur l'état des lieux des activités djihadistes en ligne.
Merci @ThomasLiabot pour les verbatim.
Avec @SimNasr.
https://t.co/mvkCzRBBin

Sun Oct 25 10:23:22 +0000 2020