Vous connaissez certainement le nom d'Hermann Göring. Nazi convaincu, de la première heure, fidèle parmi les fidèles d'Hitler. Créateur de la Gestapo et commandant de la Luftwaffe.

Peut-être ignorez-vous qu'il avait un frère, Albert, qui ne partageait pas [du tout] ses idées. https://t.co/mNc71CkXm6

Dans les années 30, alors qu'Hermann grimpe les échelons dans la hiérarchie nazie, Albert, qui se destinait à la cinématographie, décide de quitter l'Allemagne pour l'Autriche, tant il méprisait le nazisme et ses thuriféraires, son frère aîné en tête, qu'il critiquait à l'envi.

Le 14 mars 1938, les troupes allemandes entrent à Vienne, et Hitler proclame "l'Anschluss", rattachant l'Autriche à l'Allemagne.

Les Juifs autrichiens connaissent alors le même sort que les Juifs allemands. Agressions, humiliations, brimades, lois discriminatoires, etc.

Albert Göring commence alors à se servir de son patronyme pour embarrasser les autorités nazies, et aider de son mieux des Juifs victimes de ces comportements dégradants. Ainsi, il se joint à une vieille femme juive qu'on oblige à nettoyer les pavés de la rue.

L'officier SS qui avait ordonné cette humiliation le reconnaît, et pris de panique qu'on l'accuse d'avoir molesté le frère du Reichsmarschall Göring, donne alors l'ordre de faire cesser immédiatement le "cérémonial".

Chaque nazi qui, le reconnaissant dans la rue, le salue d'un "Heil Hitler !", se voit gratifié en retour par Albert d'un "qu'il aille se faire foutre !".

Nommé en 1939 à la tête des exportations d'une usine Skoda en Tchécoslovaquie occupée, il ne cesse son activisme anti-nazi.

A la tête d'une dizaine de camions Skoda, et sous prétexte de "besoin de main d'oeuvre pour les usines d'armements du Reich", il fait libérer des dizaines de Juifs du camp de concentration de Theresienstadt, et les aidera à quitter l'Europe.

Il recommencera plus tard la même manoeuvre à Dachau, et signera simplement les formulaires de son nom de famille, "Göring".

Il eut également des contacts avec la résistance Tchécoslovaque, et participa à quelques actes de sabotage.
Malgré tout, son frère ne l'abandonna jamais.

Plusieurs fois, la Gestapo remit des rapports circonstanciés sur les activités et contacts anti-nazis d'Albert Göring, et à chaque fois, le Reichsmarschall Hermann Göring lui sauva la mise, et empêcha son arrestation.

Le 9 mai 1945, Albert se constitue lui-même prisonnier auprès des autorités américaines qui le détiendront jusqu'au procès de Nuremberg, durant lequel il sera interrogé, puis finalement relâché après le témoignage de dizaines de Juifs qui lui devaient leur liberté et/ou leur vie.

En 1947, ce sont les autorités tchécoslovaques qui le détiendront et l'interrogeront, avant de le relâcher lorsque les ouvriers de son usine témoigneront de son activité anti-nazie.

Après cela, Albert Göring vécut en paria à Munich, seul, dans le plus grand dénuement, et ayant sombré dans l'alcoolisme après que sa femme l'eut quitté.

Il mourut en 1966.

Il n'a jamais raconté à qui que ce soit ses activités anti-nazies pendant la guerre, que ce soit la résistance ou les centaines de Juifs qu'il a sauvé, comme son ancien patron Oskar Pilzer.

Depuis 2013, Yad Vashem étudie son dossier et réfléchit à la possibilité de lui décerner le titre de Juste parmi les Nations.

Que sa mémoire soit honorée et soit source de bénédiction.