Michel Goya

Point de situation des opérations en Ukraine 31 mars 2022⏩⏩https://t.co/cl83J7MWA0 https://t.co/JULHBM24Z1

Situation générale
La Russie replie une partie de ses GTIA et des troupes aéroportées de la région de Kiev vers la Biélorussie afin sans doute de les réengager dans le Donbass après les avoir reconstituées. Les forces russes n’abandonnent aucun territoire conquis où que ce soit.

Les forces ukrainiennes mènent de petites attaques dans les zones où les forces russes sont en posture défensive, et les Russes font de même dans le Donbass, sans pour autant des deux côtés obtenir de résultats importants.

Un équilibre s’installe qui ne pourra être modifié que par un changement radical du rapport de forces dans une région.

Situations particulières
Zone Kiev et Nord-Est
Déplacement depuis cinq jours d’unités russes usées de la région de Kiev Ouest vers de la Biélorussie. Il est peu probable qu’elles puissent être réengagées à court terme, mais elles le seront.

Les attaques ukrainiennes sur la zone Kiev Ouest continuent. Makariv semble contrôlée ainsi que certaines parties de Borodyanka. Les principaux combats ont lieu à Irpin et Gostomel mais sans prise de terrain. Les Ukrainiens manquent d’artillerie pour neutraliser les forces russes

Posture défensive russe partout, retranchements et coupure de ponts, ce qui indique le renoncement à des mouvements offensifs futurs. Si des missions de reconnaissances persistent, le premier rôle est donné à l’artillerie, le principal avantage comparatif tactique russe.

Les principales difficultés russes résident sur l’axe H07 de Soumy à Kiev, où plusieurs petites unités russes sont en position difficile face aux attaques ukrainiennes. Il serait logique pour les forces russes de récupérer les unités fixées dans la région sans grande utilité.

Si les Russes veulent continuer à rester présents au Nord-Est de Kiev (Nord Brovary), il leur faut maintenir au moins le contrôle de l’axe E95, mais cela suppose de prendre Chernihiv. A défaut, il faut tenir l’axe E101 depuis la frontière Nord-Est puis l’axe E95 à partir de Kipti

Dans tous les cas, la région Nord-Est de l’Ukraine est boisée et donc propice avec le printemps à la dissimulation de forces légères ukrainiennes. Les forces russes dans la zone risquent d’être soumises à un harcèlement (mines, IED, embuscades) sur leurs axes de communication.

Zone Est et Donbass
Les 1ère ABG et 6e A semblent avoir renoncé aux prises de Soumy et de Kharkiv et se contentent d’une pression par les feux. Quelques forces disponibles semblent avoir été affectées à la 20e A pour combattre dans la région d’Yzium, au Nord de la zone Donbass.

Les combats limités se poursuivent le long de la frontière DNP/LPR et à Marioupol, conquis à 60 % par les Russes. Hormis, la prise prochaine de Marioupol par les Russes, aucun des deux adversaires n’a semble-t-il de masse de manœuvre nécessaire pour obtenir des succès décisifs.

Zone Sud-Ouest
Là encore les forces russes sont en posture d’attente, se contentant de résister aux attaques ukrainiennes, elles-mêmes limitées par le manque de force.

Notes
Confirmation de cyberattaques russes le 29 mars sur le réseau Ukrtelecom avec un impact limité sur le réseau Internet.
L’appel au nouveau contingent de conscrits russes s’effectuera le 1er avril. Ils ne pourront se porter volontaires pour servir en Ukraine que dans 3 mois.

Réduction du trafic militaire sur les voies ferrées russes, indice que la plupart des unités encore disponibles en Russie ont été engagées.
3 GTIA (2000 h) formés de soldats d’Ossétie et d’Abkhazie auraient été redéployés dans le Donbass, ainsi qu’un millier de la société Wagner

Une grande partie des équipements récupérés dans les stocks pour recompléter les unités russes s’avère inutilisable parce que beaucoup de choses a été vendu au marché noir, indice d’une corruption systémique.
Même phénomène côté ukrainien, un peu mieux combattu semble-t-il.

Apparition d’un narratif expliquant l’échec russe à s’emparer de Kiev par l’idée d’une manœuvre visant à faire diversion sur l’objectif principal, le Donbass. C’est évidemment totalement démenti par les faits.

On ne fait pas diversion avec la majorité de ses forces tout n’attaquant pas l’objectif initial. Où alors on le fait avec la certitude de pouvoir déplacer beaucoup plus vite que l’adversaire ses forces vers l’objectif principal après avoir attiré l’ennemi vers le leurre.

Dans ce cas ce sont 5 armées russes et une partie des aéroportés qui ont été fixées dans le Nord du pays alors que les forces Ukr. ont peu bougé du Donbass. Lorsque les attaques dans le Donbass ont commencé, ce sont les forces russes qui étaient insuffisantes, hors Marioupol.

On peut expliquer la diffusion de ce discours par la nécessité de résoudre une dissonance cognitive. Quand on est persuadé que les Russes sont très forts et/où on souhaite qu’ils le soient, il faut trouver une explication satisfaisante à ce qui n’est qu’un énorme échec.

Même la défaite de Dien Bien Phu a été présenté par certains comme un grand succès parce qu’on avait fixé et usé beaucoup de forces Viet-Minh.
FIN

Thu Mar 31 09:53:36 +0000 2022