Hey Twitter, tu veux que je te raconte comment y'a deux mois j'ai failli mourir parce que je mange pas assez de légumes ? Allez zé partiiiiiiiiii
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Tout commence le mercredi 8 septembre. Comme tous les jours je me saque avec joie (non) pour aller faire cours à mes élèves chéris dont la soif de connaissances n'attend que moi (also non). Une fois la tête dans le fion passée vers 11h, je sens une légère gêne à la miction.
En français, ça pique un peu quand je fais pipi. Et je suis un peu plus fatiguée que d'habitude. "Normal" me dis-je, c'est la rentrée, je suis fatiguée, pas de quoi fouetter une chatte. Jeudi, vendredi, même sensation, assez légère, je fais pas trop gaffe et termine ma semaine.
Et ce weekend, oh joie, c'est la fête de l'Huma, que j'attends depuis 2 ans, cette édition étant en plus la dernière à La Courneuve juste à côté de chez moi. Il est donc admis au préalable que le niveau d'ambiancage pendant ces 3 jours ne sera pas raisonnable.
Bon au final la fête était éclatée au sol mais peu importe. Le vendredi je suis chafouine, le samedi aussi au début puis je me soigne à la limonade belge. En plus on a trouvé un stand qui fait la pinte de Chimay à 5 balles, autant te dire que j'ai pas laissé ma part au chien.
Sauf que 1. Comme le dit si bien l'adage populaire, "Petite vessie, beaucoup pipi" et 2. Les effets diurétiques du houblon sont assez bien documentés. Du coup je pisse. Tout le temps. En festival. Et ça pique. De plus en plus. Là clairement je maudis mon corps.
Spoiler : depuis j'aime mon corps plus que jamais, mais on y reviendra.
On rentre après le concert d'IAM, car DIEU SOIT LOUÉ on était pas au camping, et le lendemain je suis pliée en 2, impossible d'y retourner le dimanche. Pour que ça arrive faut vraiment que je sois pas bien, parce que rater un jour de Fête de l'Huma ça m'est pas arrivé en 10 ans.
Et à ce moment-là, comme une gogole, je ne m'affole toujours pas. Rétrospectivement j'ai envie de me gifler.
Donc je reste le dimanche dans mon canapé en me disant que ça va peut-être passer. L. O. L. Le lundi c'est pas passé, donc direction les urgences de l'hôpital de mon bled.
Sauf que dans mon bled, les urgences sont fermées et centralisées depuis dans une autre ville depuis 3 mois, à part les urgences gynécologiques. Je me dis que j'ai mal en bas, donc ça devrait le faire.
Si toi aussi tu commences à avoir envie de me taper parce que je mène ma vie de façon bien trop approximative pour une meuf de 35 ans, sache qu'on est ensemble camarade.
Aux urgences gynéco, surprise, on pense que j'ai un problème gynéco. On me dit que c'est peut-être mon stérilet qui a bougé vu que j'aurais dû le faire changer y'a 6 mois (voir le tweet précédent).
L'interne checke ma chneck (lol j'adore les jeux de mots abonne-toi mets la cloche), en prenant soin évidemment de ne surtout pas me prévenir avant de me caler la sonde de l'echographe et de m'engueuler quand je sursaute. Elle me cale un speculum, n'arrive pas à le placer.
Elle force, mon corps l'expulse tout seul, elle teste avec un autre, et finit par réussir à me retirer le bazar. Je finis en pleurs, c'est super. Elle me dit que si ça va pas lieux demain faut que j'aille chez mon généraliste, et ciao bye bye.
Le lendemain ça va pas mieux, donc direction le généraliste. Alors mon généraliste, c'est un personnage assez... particulier dirons nous. Il est à la retraite et donne un coup de main dans le cabinet à côté de chez moi parce que pénurie de médecins désert médical tu connais.
C'est un médecin vraiment à l'ancienne qui m'a déjà dit pèle-mèle que :
- Le dos de sa main suffisait pour prendre la température
- Fumer c'était pas si grave si c'était pas trop, genre un cigare tous les soirs ça va
- On pouvait soigner l'hypertension avec des shots de Bourbon
Autant vous dire que je l'aime beaucoup mais j'ai pas une confiance aveugle en ses diagnostics non plus quoi. Il le prescrit un super antibio de la mort qui tue en une dose, et il me dit que si demain y'a pas une amélioration significative faut sue je revienne.
Tu connais la suite, mercredi matin, le roi, sa femme et le p'tit prince, tout ça. Cette fois il me donne un traitement de 10 jours d'antibio, et il me prescrit un scanner. Je prends direct rdv pour le lendemain. Et là j'en suis à un niveau de douleur que j'ai jamais atteint.
Je hurle quand je vais pisser, je me réveille en hurlant, le paracétamol et le spasfon n'ont presque aucun effet, j'ai envie de crever en permanence depuis 3 jours.
Le lendemain je me réveille en pleurs et en larmes, et je dis à mon mec de m'emmener aux urgences, les vraies cette fois, parce que ça va vraiment, vraiment pas du tout.
On arrive aux urgences de Creil (vous fiez pas aux avis Google, meilleur service d'urgence ever, à chaque fois que j'y suis allé ils ont été parfaits), je suis prise en charge tout de suite pour mon dossier et ensuite une heure d'attente dans un box. Sans pisser pour le scanner.
Je finis par me rappeler à leur bon souvenir parce que sinon ma vessie va exploser, ce qui serait bien dommage vu qu'ils viennent de refaire les peintures. En 20 minutesun médecin me voit on me fait pisser dans un bocal, prise de sang et je pars au scanner.
Je pars donc pour un scanner des voies urinaires, vu que tout le monde pense à une pyélonéphrite ou des calculs rénaux. Du coup chouette, pas besoin de produit de contraste. Un cliché. Deux clichés. Et finalement un infirmier qui vient me mettre un produit de contraste.
Là je comprends que vraisemblablement c'est pas ce qu'on croyait, ça tombe bien j'adore les surprises. Un cliché, clic clac Kodak, et je suis de retour aux urgences, cette fois dans le couloir parce que je suis partie de mon box et que qui va à la chasse perd sa place.
Et là j'attends. Longtemps. Genre 4h. Je suis à jeun depuis la veille parce que j'avais trop mal pour manger, et aux urgences on me dit qu'on peut rien me donner au cas où. Au cas où quoi je sais pas, mais ok, j'attends gentiment, je papote avec les gens, je fais passer le temps.
Au bout de 4h donc, un médecin vient me voir. Mais pas un médecin des urgences. Un chirurgien. Gastro-entérologue. Il me dit "bonjour Madame, vous savez pourquoi vous êtes là ?", Je lui dis que je venais pour une infection urinaire de base mais que j'en sais pas plus.
Il me dit que c'est pas du tout ça en fait. J'ai un abcès "de la taille d'une clémentine" dans les intestins, que c'est très très urgent, et que plusieurs scénarios peuvent se produire :
- soit l'abcès pète, je fais une péritonite et une chance sur deux que je cane
- soit l'abcès pète pas mais se résorbe pas, alors on opère d'urgence et on me pose une stomie (aka la poche à caca, la fameuse) pendant 4 à 6 mois
- soit je réagis bien aux antibio et je peux guérir avec juste des cachets.
Sur le coup je l'écoute, j'enregistre les infos
Je pose des questions, je suis très pragmatique et froide dans mon accueil du diagnostic (sans oublier les petits traits d'humour propres à la bonhommie qui me caractérise). Donc je vais être hospitalisée pendant au moins 3 jours, avec une antibiothérapie de cheval, et on verra.
Je note, et on me dit d'attendre le retour de mon test PCR pour pouvoir monter dans le service de chirurgie gastro. Le médecin s'en va, et là je m'effondre. J'ai peur, je pense que je vais mourir, je pense à mon mari, que je peux pas le laisser, que je vais le tuer de chagrin.
Le personnel est adorable, fait tout pour me consoler. Je vous l'ai dit, keur avec les doigts sur les urgences de Creil ❤️. Et surtout on me dit que si c'était désespéré je serais déjà au bloc, alors que là on va tenter les médocs. Et c'est pas faux.
La stomie me terrifie, ça me rappelle de très très mauvais souvenirs de la perte d'un proche que j'ai toujours du mal à digérer (vous l'avez ?) (Pro-tip : Toujours rire devant l'absurdité de l'impermanence de la vie, c'est le seul moyen de rendre tout ça supportable)
12h après mon arrivée aux urgences, je monte donc dans la chambre d'hôpital dans laquelle je vais rester 5 jours au final. Et le soir même, le même médecin m'explique d'où vient mon problème. J'ai fait ce qu'on appelle une diverticulite. Je t'explique.
Dans tes intestins y'a deux parois : la muqueuse, à l'intérieur, est en contact avec les aliments et va absorber tous les petits nutriments bons pour ton body ; à l'extérieur, la musculeuse se contracte pour faire avancer tout ce qui reste jusqu'à la sortie.
Quand tu manges pas assez de fibres, la musculeuse doit se contracter beaucoup plus pour amener tout ça au bout du tunnel. En plus, comme je fais partie de la team chameau, quand tu bois pas assez d'eau, ben ton corps il a besoin d'eau quand même. Du coup il fait quoi ce coquin ?
Il va dessécher tes selles pour récupérer la moindre goûte d'eau pour fonctionner. Oui oui, di tu bois pas assez d'eau, ton corps, de l'intérieur, boit de l'eau de caca. Oui c'est dégueulasse, mais la vie c'est dégueulasse mon pote.
Donc pas assez de fibres + cacas desséchés + sédentarité (parce que oui, quand tu fais du sport c'est aussi bon pour ton caca) le tout assaisonné de clopes, d'alcool et de stress chronique, ta musculeuse elle bosse comme une tarée.
Et elle se contracte tellement sue ça peut créer des diverticules. Comme tu le verras sur mon magnifique schéma, c'est quand la muqueuse passe à travers la musculeuse en formant un petit sac. C'est un truc pas très grave la plupart du temps, et qu'on trouve plutôt chez les vieux. https://t.co/ZkszhZY714
Souvent c'est asymptomatique, mais chez certaines personnes ça part favilement en infection. Et oui, parce que si un petit bout de caca séché se met dans ta diverticule, y'a plus de musculeuse pour le repousser cers la sortie, du coup ça reste là, ça pourrit et ça s'infecte.
Et en fait ça fait des années que je fais des crises de diverticulites mais toutes petites, que je gère toute seule chez moi avec du paracétamol et un jour d'arrêt de travail. Jusqu'à cette crise de trop.
Au final j'ai très bien réagi aux antibio, donc au bout de 5 jours je suis rentrée chez moi avec un mois d'antibio matin midi et soir et un régime sans résidu à suivre pendant autant de temps. Deuxième mois j'ai dû patiemment réintroduire une par une les sources de fibres.
Un mois sans fruits ni légumes j'étais bien à plat et les antibio m'ont décapé le bide, donc on repart pour un mois de vitamines, minéraux et levure. Je dois manger au moins 500g de végétaux par jour, je vois 2l d'eau, j'ai arrêté de fumer et j'ai pas bu une goutte d'alcool.
Je fais du sport 5 fois par semaine (tranquille hein, des rando et de la natation, on y va tout smooth), j'ai toujours pas repris le travail parce que je suis encore trop faible, mais cet épisode a véritablement été le début d'une nouvelle vie.
Je suis au final contente que ça me soit arrivé En toute chose malheur est bon, je suis quelqu'un d'assez résilient de base, mais là je suis passée à un autre level Et frôler le mort en cas de dépression je conseille, c'est un traitement un peu brutal mais très efficace!
Dc mangez des légumes et buvez de l'eau, sinon vous risquez de vous retrouver avec un corps de vieille à 35 piges et c'est pas ouf. Et mon corps est pas parfait loin de là, mais on revient de loin tous les deux, il m'a pas lâché, et maintenant je le KIFFE! JE SUIS VIVANTE BORDEL!
Prenez soin de vous, vraiment. C'est pas une formule de politesse là. PRENEZ. SOIN. DE. VOUS. Ce serait trop bête. Et prévenez vos proches de cette maladie au nom imprononçable, j'ai l'impression que c'est assez méconnu alors que c'est facilement évitable.
Que du love ❤️
Et j'ai pas précisé, mais bien sûr RT moi ça fort pour diffuser l'info 😉