1/Hier, l'ensemble des journalistes relayaient le récit du groupe Vert Marine, gestionnaire de la trentaine de piscines municipales brutalement fermées cette semaine.
Mais que sait-on de ce groupe, de ses dirigeants et de sa situation économique réelle ? https://t.co/YTDYH20pm1
2/On a beau faire le tour des grands médias et des médias régionaux, nulle part la question n’aura été posée : le groupe Vert Martine pouvait-il faire autrement que fermer les portes d’un service public au mépris de la délégation pour laquelle il était engagé ?
3/Dans une enquête publiée en juin, nos confrères du @mdiplo ont décrit le modèle des délégations de service public des piscines. En échange de tarifs réglementés, d’accueil de certains publics, les entreprises gestionnaires peuvent développer des offres commerciales profitables
4/L’article pointe les dérives de ce système qui se développe de plus en plus : personnel mal formé et recruté, arrangements financiers douteux avec les communes, maintenance technique qui laisse à désirer…
https://www.monde-diplomatique.fr/2022/07/BAQUE/64861
5/Qu’en est-il du groupe Vert Marine, à qui a-t-on à faire ?
Sur le site de recrutement Indeed, on trouve des avis d’anciens salariés qui permettent de comprendre ce que ce n’est pas que sur l’énergie que le groupe aime économiser :
6/Un ancien directeur d’exploitation parle de « salaire bas à tous les niveaux, Pas de contrat forfait jour, et pas d’heures supplémentaires payées ». Un ex-comptable du groupe parle quant à lui d’un « turnover important à cause de l’ambiance stressante et dévalorisante »
7/« Cette entreprise ne pense qu’à l’argent” lit-on encore. Quelques avis positifs, fort bien écrits, viennent tempérer les dizaines d’avis négatifs voire alarmistes laissés, ces derniers mois, par des ex-salariés.
8/Un article de 2017 publié dans Ouest France, illustré par les deux associés fondateurs posant devant leur château, décrit pourtant un groupe qui affiche « 3 à 3,5 millions d’euros de bénéfices annuels » pour un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros. https://t.co/SFJza8Rf7f
9/ L'entreprise Vert Marine a versé 4,5 millions d’euros de dividendes à ses actionnaires au titre de l’exercice 2017. Même en 2020 où les piscines ont été fermées administrativement pendant des mois elle a vu son bénéfice net passer de 1,4 millions d’euros à 4,5 millions.
10/Son secret ? L’engouement des intercommunalités pour les délégations de service public. On est sur du business à la française : le secteur public construit la piscine puis le secteur privé vient la gérer et en tirer profit.
11/En 2016, Ses dirigeants ont été mis en examen pour délit de complicité de favoritisme dans le cadre d'obtention de délégation de service public. Ils ont été lourdement condamné en 2017 (à une interdiction de diriger une entreprise, notamment) puis relaxés en appel en 2021
12/Sans recul face à la crise énergétique dont on nous rebat les oreilles, aucun journaliste n’a donc aujourd’hui interrogé la véracité des propos du PDG du groupe, la situation financière réelle de son entreprise ou encore la façon dont on y gère l’argent et les salariés.
13/A l’heure actuelle, il est impossible d’affirmer, comme le fait par exemple France Info, que Vert Marine est “contraint” de fermer ses piscines, sauf à se baser sur une seule source, son patron. Mais l’éthique journalistique n’impose-t-elle pas de croiser les sources ? https://t.co/Xy4FFAoEyk
14/Grâce à ce récit, Vert Marine est en train de parvenir à ses fins : la mairie de Rivesaltes annonce ainsi aujourd’hui que le « surcoût de la dépense d’électricité et de gaz serait pris en charge à parité donc 50% pour Vert Marine et 50 % pour la Commune » https://t.co/hfTr3iHRTD
15/Les contribuables vont donc payer à la place de la direction et des actionnaires du groupe, au terme d’une manœuvre dont le monde médiatique mainstream s’est fait, par défaut d’esprit critique, complice.
16/L’affaire des fermetures des piscines municipales de Vert Marine n’interroge pas seulement notre modèle médiatique, bien prompt à relayer le point de vue patronal. Il met surtout en lumière le caractère hasardeux du modèle de délégation de service public :
17/peut-on attendre d’un opérateur privé qu’il mène à bien sa mission ? Quand tout va bien et que cela rapporte, peut-être – les patrons de Vert Marine étaient bien contents d’afficher leurs millions annuels de bénéfices – mais quand les choses se gâtent, décidément, non.
18/ Le secteur privé n’assume aucun risque, et fait appel au contribuable à la moindre petite secousse. Alors à quoi nous sert-il ? Il est grand temps de changer de modèle.
Sources, chiffres, analyse complète à retrouver en accès libre et gratuit sur @Frustration_web : https://www.frustrationmagazine.fr/piscines-fermees/
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