Parlons de cette prolifération de "débatteurs" qui parlent d'islamo-gauchisme Car, pour l'instant, de tous ceux que j'ai vu s'exprimer là-dessus, il n'y en a pas un que je n'ai pas déjà eu au téléphone. Je les connais bien. Vous allez à votre tour, mieux les connaître. Thread⬇️ https://t.co/4YDMzOAhSY
Qui sont ces gens ? Si l'on ne faisait pas attention aux signatures, on pourrait croire qu'il s'agit à chaque fois de la même personne. Et pour cause, ils pensent tous pareil. Ils se lisent entre eux. C'est un microcosme fermé duquel rien n'entre ni ne sort. Sauf si compatible.
Ils s'expriment sur tout (mais pour dire la même chose). Si bien qu'à force, à chaque entretien, je pouvais deviner ce qu'allait répondre la personne avec qui je parlais. Je ne suis pas devin. C'est juste une question d'habitude.
On parle de combien de personnes ? Au final, très peu. Allez, une petite trentaine au maximum. Ils prétendent vouloir "remettre de la complexité" dans le débat public. Le même dans lequel "on ne peut plus rien dire à cause de la bienpensance", disent-ils partout, tout le temps.
Puis c'est des gens très, très attachés à la liberté d'expression. Enfin, surtout la leur. Attention à la parole contradictoire tout de même, ils sont prompts à attenter du procès en censure si vous n'êtes pas gentils. Mais ils y croient sincèrement en fait à tout ça.
A force de lire qu'on ne peut plus rien dire, dans les diverses tribunes qu'ils ont plus à droite qu'à gauche (et vu qu'ils ne lisent que ça), ils finissent par s'en convaincre. Un mensonge répété 1000 fois ne devient pas une vérité mais ça suffit à se persuader.
J'ai la chance, dans mon métier, de parler à énormément de monde. Notamment aux universitaires. Ca tombe bien, la plupart se présentent comme tel.
Quand on s'éloigne de ce petit cercle et qu'on pose la question du crédit qui est à leur donner sur leur "travaux", ça rigole bien.
On comprend vite que la rigueur qu'impose ce titre, n'est pas au rendez-vous. On vous parle souvent de d'anciens qui n'ont rien écrit de valable depuis 30 ans et capitalisent depuis 30 ans sur une fulgurance qu'ils ont pu avoir à un moment.
Cela fait des lustres que personne de sérieux ne les trouve crédibles mais ils causent encore dans le poste. La rigueur n'en a jamais étouffé certains, d'autres, s'en sont défait avec les décennies qui passent.
Alors, me direz-vous, pourquoi, si tout ça se sait, leur donner encore la place de s'exprimer ? Les raisons sont multiples. Parfois par connivence idéologique avec les tauliers des médias. C'est bête, mais ça arrive.
Souvent aussi car les mecs crèvent d'envie de s'exprimer. Certains, on le devine, n'ont plus grand chose à faire. Ca les occupe. Ou alors ils ont (encore) un bouquin dont il faut faire la promo. Les deux ne sont pas incompatibles d'ailleurs.
En face, et à l'inverse, on a des journalistes qui n'ont pas le temps. Il y a 200 autres choses à faire car les effectifs ne suivent pas. Du coup il faut aller au plus vite pour espérer pouvoir tout faire.
Eux, c'est sûr, ils vont répondre.
Les interroger, ça donne parfois plus de temps avec les bons ou du temps supplémentaires pour les chercher.
Et chaque tribune qu'ils publient, interview à laquelle ils répondent viendra entretenir la polémique, le débat du moment sous la forme de cycles qui se répètent.
Ils alimentent des débats qui ne sont pas universitaires (ou si peu vu l'état de la recherche en SHS) mais politiques
Ils ne sont qu'une caution pseudo-intellectualisme qu'on saupoudre sur un débat politique qui a besoin de se crédibiliser.
Prenez pas ça trop au sérieux. Ou si. Je ne sais pas trop ce que vous pouvez en faire à vrai dire. Au moins maintenant vous savez un peu de contexte sur le background de la dernière -et prochaine- polémique.
N'oubliez pas de lire ce papier de Vice qui résume bien mieux que moi l'état du débat en France :
https://t.co/skIh9VXemz