C'est intéressant d'observer la connivence de points de vue dans les sphères (les plus militantes) de l'extrême-droite / GJ / conspis en faveur de la Russie sur le conflit en Ukraine (et comment Moscou capitalise dessus).
Par contre, j'ai besoin d'aspirine maintenant
Petit 🧶
Bon, dans l'absolue la plongée que je me tape dans ce milieu depuis quelques jours ne vaut pas une étude scientifique. Il s'agit de simples observations dont la valeur reste certainement à relativiser. Néanmoins je pense qu'il y a quelques enseignements à en tirer.
Ce qui est intéressant c'est la perception qu'ont ces sphères des acteurs du conflit dans lesquels ils arrivent à s'identifier et à transposer leurs luttes.
Evidemment l'Ukraine est perçue comme la continuité de ce qui leur déplaît en France.
On retrouve dans la rhétorique tout le gloubi boulga " mondialiste, libéral, décadent" option homophobie et antisémitisme crasseux avec supplément "les médias nous mentent sur ce qu'il se passe vraiment sur place".
Au contraire les Russes n'ont pas du tout la même image. Là par contre on retrouve toujours la figure de Poutine comme opposant principal au mondialisme, aux banques et bref à tout ce qui est cité plus haut.
Notons, évidemment, une absence totale de remise en question. La rationalité n'a pas prise, que ce soit de manière ingénue ou par pure calcul politique et une reprise systématique de la propagande russe (identifiée non pas comme de la propagande mais de la "vraie" info)
Ce constat, dans l'absolu, il n'a absolument rien de surprenant. Ceux qui sont un peu attentifs aux mécaniques de la désinfo et du complotisme n'apprennent rien ici et c'est du pain béni pour Moscou qui ne se gêne pas pour l'exploiter (même si la mécanique roule bien toute seule)
Ce constat, on le connaît. Depuis des années. Et c'est bien ça le problème. On connaît aussi le niveau de défiance de la population envers les médias/institutions/gouvernants.
Alors qu'est ce qu'on fait depuis des années pour lutter contre ça ?
Eh bien pas grand chose.
Derrière le cas français c'est une bien plus grande histoire qui se dessine. Celui du recul des démocraties, celui de la perte de foi en nos valeurs et l'abandon de l'affirmation de supériorité morale des démocraties sur les dictatures et les tyrans.
Comme le raconte bien mieux que moi @peterpomeranzev dans son essai publié sur @CodaStory, il est frappant de voir comme les choses ont changé entre la guerre froide et aujourd'hui avec l'Irak en point de bascule.
https://www.codastory.com/rewriting-history/modern-memory/
Ce à quoi on assiste dans ces sphères en France, c'est l'aboutissement de ce long processus qui a abouti au fait qu'il est devenu "ringard" de défendre les droits de l'homme quand ils sont attaqués dans le monde et que leur défense vous vaut d'être taxé de "bisounours".
Sentant le vent tourner, les dictatures ont évidemment capitalisé dessus et se sont forgés une image de "havre de stabilité" dans un monde de plus en plus instable. Perdre ses libertés contre un peu de stabilité. Evidemment que les extrêmes droites adorent Moscou. C'est un modèle
Aujourd'hui, en France, on a un sale défaut. On aborde ces questions de lutte contre l'influence, le complotisme, la désinfo avec un prisme désuet, technocratique et faussement technologique.
C'est des pansements sur une jambe de bois. Parler algorithmes c'est bien mais ça ne résoudra jamais le problème de fond. Et quand bien même ça fonctionnerait sur une plateforme, cela ne fonctionnera pas sur d'autres comme les messageries privées.
Le vrai enjeu aujourd'hui c'est la réaffirmation des valeurs démocratiques. C'est oser affirmer la supériorité morale face aux dictatures.
C'est oser dire que "liberté, égalité, fraternité" c'est plus que des mots et que ça vaut de se battre pour les préserver.
Alors non ce n'est pas un sprint. C'est une course de fond qui prendra du temps et qui passera par l'implémentation de vraies politiques publiques et le fait d'arrêter les débats stériles.
Reconnaître l'existence d'un problème c'est le premier pas à faire pour le résoudre