Depuis que l'hypothèse des laboratoires se relance, certains tenants d'une émergence naturelle répliquent par des articles d'assez bas niveau comme celui-ci. Au-delà des accusations de racisme et Trumpisme, le principal argument serait l'absence de nouveaux éléments. C'est faux. https://t.co/q0g4nEyHmP
Voilà donc une liste non exhaustive des nouveaux éléments non-négligeables qui pèsent dans le sens de la piste des laboratoires. Ceux-ci ne se résument pas du tout à des spéculations ou à des informations livrées à la presse par les services de renseignement occidentaux.
En réalité tous ces éléments nouveaux sont chinois. Il y a d'abord eu en février 2020 une série d'articles scientifiques chinois qui pointaient dans des directions intéressantes, dont certains auteurs étaient même liés aux collectes de virus dans le Yunnan https://t.co/SJshDkSyIB
Des le 21 février 2020, un article chinois abandonne la piste du marché de Huanan (accusé par le CDC de Wuhan, alors que des cas préexistaient hors du marché). Tous ces articles précédent un décret du 25 février 2020 qui bâillonne la science chinoise. https://t.co/yDVovOsDSQ
L'histoire retiendra un tweet : @TheSeeker268, internaute anonyme, partage un lien vers une thèse de médecine sur 6 employés tombés malades en 2012 dans une mine du Yunnan, site où a été collecté en 2013 RaTG13, le plus proche parent du Sars-Cov-2 https://t.co/VQ25xZY3rm
Les tenants de la zoonose ignorent systématiquement cette découverte tardive. Or, RaTG13 avait été publié en janvier 2020 sans aucune indication sur son origine. Comment se fait-il que l'Institut de virologie de Wuhan n'ait pas communiqué de manière transparente là-dessus ?
A la même période, des scientifiques (@Rossana38510044) et des internautes anonymes vont repérer que des données publiées dès 2016 sous un autre nom, Ra4991, correspondent à RaTG13. Cela va forcer Shi Zhengli, la batwoman du WIV, à changer de version. https://t.co/jXztsPrPdZ
Quand RaTG13 a été publié explication en janvier 2020, l'explication était qu'il avait été "oublié sur l'étagère" après collecte. En juillet 2020, Shi Zhengli a reconnu que le virus avait été séquencé dès 2018, comme découvert par @franciscodeasis en juin https://t.co/DQjxEiKfpC
Shi Zhengli va donc devoir publier en novembre 2020 un addendum à son article de @Nature du 3 février, qui admet l'historique de RaTG13, les collectes dans la mine de Mojiang et révèle que 8 autres virus y ont été collectés mais "liés de manière éloignée" https://t.co/qxQhlObBbL
Encore une fois c'est @TheSeeker268, presque un an jour pour jour après sa première découverte, qui va révéler le 13 mai 2021 de nouvelles pièces du puzzle, des thèses chinoises comprenant des informations sur ces virus non-publiés. https://t.co/9nfFHEDKhI
Révélations qui ont précédé encore la publication le 22/05 par Shi Zhengli d'un article présentant enfin les données détenues par son laboratoire sur ces 8 virus de la clade 7896, qui affirme que leur génome est très éloigné des autres Sars-Cov. https://t.co/tfe9d7NJAS
Que ces virus soient ou non proches du Sars-Cov-2, comme le rappelle @Ayjchan, ces données auraient dû être communiquées dès janvier-février 2020, ces 8 virus venant de la mine où a été collecté RaTG13. Ce très long délai justifie une vive suspicion. https://t.co/KC0DngkxEv
On doit en outre au groupe DRASTIC l'identification et l'historique précis des bases de données de virus de l'Institut de virologie de Wuhan qui ont été mises hors-ligne le 12 septembre 2019, soit quelques mois avant la révélation de l'épidémie. https://t.co/k7onJbUkY0
@gdemaneuf du même groupe DRASTIC a pour sa part levé quelques informations très intéressantes sur les cas index de l'épidémie à Wuhan, remontant à avant le 1er décembre 2019, qui ont été effacés de l'histoire après la reprise en main du 25 février 2020. https://t.co/deEQURrfuD
Toutes les études sérieuses publiées depuis un an et demi soulignent par ailleurs que les séquences de Sars-Cov-2 collectées chez les 1ers patients démontrent que le virus venait tout juste de rentrer dans la population humaine, à Wuhan, fin 2019. https://t.co/FopUnDg0A4
Malgré son caractère problématique (piste absurde des surgelés imposée par Pékin, hiérarchie de probabilités arbitraire excluant quasiment l’hypothèse des laboratoires sans données ni raisonnement étayé), l’étude conjointe Chine-@WHO apporte des éléments. https://t.co/UDAEkdZQ9P
L'étude ne révèle aucune zoonose traçable ailleurs en Chine, et qui permettrait de remonter le fil d’une émergence « naturelle ». Le seul canal connu entre Wuhan et le bassin naturel des parents du Sars-Cov-2 dans le Yunnan reste la recherche. https://t.co/vVyCYxMBJG
Mais surtout, dans cette étude, c'est bien l'attitude de Pékin, une obstruction qui confine à l'imposition sous la menace d'une version invraisemblable, qui constitue l'élément le plus à charge, et celui qui a fait basculer le consensus politique et scientifique international.
Il faut quand même rappeler que Pékin a tenté de faire inscrire dans le marbre d'un document émis par une institution internationale, le fait que l'épidémie n'est pas apparue en Chine, mais y aurait été importée par des surgelés, ou par un hasard de circonstances inconnues.
C'est le choc de la mascarade de la conférence de presse à Wuhan le 9 février, où les conclusions déclarées ne faisaient strictement aucun sens, qui a mené la majorité silencieuse de la communauté internationale, des chercheurs et même le @DrTedros à renverser la table.
Face à ces nouvelles données, les tenants de la zoonose objectent toujours qu'aucun de ces éléments ne constitue une preuve définitive, et exigent des preuves d’ordre « scientifique ». Mais quelles sont les fameuses preuves qu'ils jugeraient suffisantes pour appuyer une enquête ?
Pour qu'ils acceptent d'envisager la piste de la fuite de laboratoire, leur définition de la "preuve" se restreint à deux types d’éléments : soit des preuves matérielles irréfutables, soit une analyse irréfutable des données génétiques sur le Sars-Cov-2. Mission quasi impossible.
Pour les preuves matérielles, Pékin refuse l'accès aux échantillons de sang de la population de Wuhan et des employés des laboratoires de 2019, ainsi qu'aux archives de ses laboratoires. Un lanceur d'alerte ou une fuite de données, difficiles à authentifier, ne suffirait pas.
Par contre les "zoonotistes" se contentent pour prouver l'émergence naturelle de preuves floues et indirectes : le précédent des pandémies précédentes d'origine naturelle ; des circuits d'élevages et de commerce vers le sud de la Chine et l'Asie du Sud-Est sans données précises.
Pour ce qui est de l'analyse du génome, c'est aussi un piège : cela enferme une question historique multidisciplinaire dans un domaine scientifique extrêmement pointu. Les réponses données dépendent autant d'arguments scientifiques que d'une bataille d'autorité.
Alors que la seule vraie réponse est qu'on ne sait pas. Contrairement à ce qu'affirmait la lettre publiée dans @NatureMedicine en mars 2020, l'examen génétique du Sars-Cov-2 ne permet pas d'exclure qu'il soit sorti d'un laboratoire ou y ait été "modifié". https://t.co/6cBcz2oswV
Dans une sphère purement théorique qui ne prendrait jamais compte des informations sur le contexte précis de l'apparition de cette épidémie, les débats entre virologues sur le site de clivage de furin, la protéine Spike, insertions et recombinations, seraient sans fin.
Des éléments de plus en plus précis indiquent par contre concrètement que l'Institut de virologie de Wuhan a effectué sur des Sars-Cov précisément des expériences menant à des virus "chimériques", que certains définissent comme méthodes de gain-de-fonction https://t.co/HcEN88uWVZ
Encore une fois ces informations nouvelles, tirées principalement de l'examen attentif de publications scientifiques anciennes et de bourses de financement américaines, sont totalement ignorées par les tenants de la zoonose. Qui se trouvent être des partisans de ces expériences.
L'hypothèse des laboratoires n'est pas revenue sur le devant de la scène sans raison. En réalité, c'est juste le public qui s'était endormi, ou plutôt qu'on avait volontairement anesthésié. Mais même une fois le débat relancé, je reste étonné par l'apathie et l'indifférence.
Aux Etats-Unis seulement, le public et les élus semblent s'être emparés du sujet, pour des raisons de basse politique (faire tomber Fauci principalement). Mais en France, aucun vrai débat. Aucune question à l'Etat qui a collaboré avec la Chine dans le domaine.
On dirait parfois que le public français regarde cette pandémie sur Netflix et croit que tout cela va avoir une fin, qu'on éteindra l'ordinateur, et qu'on sortira revivre comme avant. Le modèle, c'est la Grippe espagnole, oubliée après deux années difficiles. Etrange fatalisme.
Je peux vous dire par contre que pour avoir défendu très tôt un débat équilibré sur la question (depuis cet article d'avril 2020 https://t.co/osMYO3uhTW), je suis soulagé que le consensus se soit rééquilibré. Au printemps 2020, j'étais vraiment mal à l'aise.
Enquêter sur un problème aussi complexe et arriver à des questions (de simples questions, pas même des conclusions) catégorisées par quasi tous les médias et certains grands spécialistes du domaine comme "théories du complot" est vraiment un cauchemar.
En 2020, je me suis souvent demandé si cela ne tournait pas à la paranoïa, dans un contexte éprouvant personnellement (naissance d'un enfant) et professionnellement (quarantaines en chaîne pour mes reportages, loi de sécurité nationale à Hong Kong).
Que le monde entier se trompe et qu'on ait raison est anormal. C'est souvent signe d'erreur. Il faut vraiment arriver à une quantité considérable de données concrètes, fiables, solides, pour se maintenir dans cette conviction. Toujours avec le doute du biais de confirmation.
En outre, il y a eu un moment où je me suis demandé si la version officielle chinoise, invraisemblable, ne s'imposerait pas comme la vérité. Un scénario de dystopie digne de 1984. Le consensus paraissait impossible à briser. Poser la question soulevait une levée de boucliers.
Et à chaque fois que le débat partait en privé ou sur les réseaux sociaux, les articles de Nature Medicine et des sites de "fact-checking" étaient brandis par des personnes dogmatiquement opposées à toute interrogation sur une potentielle origine de laboratoire.
Je n'ose imaginer l'état mental de chercheurs chinois, informés (ayant accès aux mêmes informations que nous), rationnels et objectifs, sachant que leur gouvernement ment, cache des données cruciales, et que l'hypothèse des laboratoires est une des plus probables.
Beaucoup doivent s'aveugler, selon la "double-pensée" qui permet de survivre dans les systèmes autoritaires. Je sais par contre que d'autres voient la vérité en face, et doutent, comme nous. J'espère que le fait que le monde se ressaisit sur la question leur rend aussi espoir.