ToutesDesFemmes
@ToutesDesFemmes
Fri Jan 08 11:12:26 +0000 2021

Il y a quelques jours une tribune signée par des psychanalystes et psychiatres s'indignait que le documentaire « Petite fille » de Sébastien Lifshitz présente une démarche d'accompagnement à la transition d'une enfant par une équipe soignante spécialisée. [thread]

La tribune pose des questions que les militant·e·s et spécialistes ont déjà résolus depuis longtemps, faisant suite à des décennies de maltraitances médicales et l'échec répété d'un approche pathologisante visant à supprimer le désir de transition.

Historiquement le corps médical, et en particulier les équipes hospitalières spécialisées, a combattu le désir de transition des adultes et considérait que les enfants trans n'existaient pas.

Cette approche archaïque considère le désir de transition comme une anomalie à corriger. De nombreuses tentatives ont montré qu'elle échouait systématiquement, non sans briser la vie de nombreuses personnes qui ont subi un tel traitement.

Les militant·e·s trans ont du lutter pendant des décennies pour faire cesser ces violences, pour que les personnes trans ne soient plus considérées comme victimes d'une perversion sexuelle et que la médecine s'améliore.

C'est ainsi qu'est née la situation que nous connaissons aujourd'hui : très lentement, le consensus s'est fait autour d'une approche d'accompagnement affirmative des transitions chez les enfants comme les adultes.

Cette approche est celle qui garantit les meilleurs résultats pour le bien être et la santé mentale des personnes en questionnement de genre, qu'elles finissent par transitionner ou non.

Quand nous parlons de bien être, ça n'est pas qu'une question de confort. Honte, anxiété, dépression, harcèlement scolaire : les résultats se mesurent en nombre de suicides évités. Question que les auteurices de la tribune semblent ignorer, sciemment ou non.

Malheureusement ces maltraitances existent toujours, chez des médecins non-spécialisés et surtout dans les thérapies de conversions : des stages, souvent liés à des congrégations religieuses chrétiennes, qui visent à "soigner" l'homosexualité ou le désir de transition.

Il est notable que ce ne sont pas les cas de suicides de jeunes trans qui provoquent les réactions indignées de ces personnes, mais un documentaire mettant en scène une enfant trans heureuse.

Malgré leur ignorance manifeste du consensus médical actuel et de l'histoire de la prise en charge des personnes trans, les auteurices de cette tribune ont décidé la création d'un observatoire afin de faire pression pour un retour aux méthodes qui ont échoué par le passé.

Nous ne prenons pas à la légère cette publication dans Marianne, magazine désormais coutumier des attaques transphobes, d'une tribune signée par des habitué·e·s des polémiques réactionnaires contre l'anti-racisme et du dévoiement de la notion de laïcité pour museler l'université.

En effet plusieurs des auteurices de la tribune sont aussi membres de Vigilance Université, une organisation qui milite, comme le fait souvent Marianne, contre les libertés académiques et en particulier l'étude du racisme et de l'histoire coloniale de notre pays.

Plus que jamais, il apparait que la transphobie est un cheval de bataille qui unit les forces politiques réactionnaires et que face à eux nous devons rester vigilant·e·s et uni·e·s.

Fri Jan 08 11:12:31 +0000 2021