Bon, je vais reprendre point par point ce qui ne va pas dans cet article, et la liste est longue. Ça me met en rogne qu'un rédac-chef puisse laisser publier ce genre de choses, d'autant plus dans ce contexte pré-électoral. https://t.co/2BfgmZxFQm

D'abord, sa source. Une brève de Desk Russie, selon laquelle le Kremlin aurait fait de Z son candidat pour 2022. La brève se base sur un article de Rousstrat, présenté comme un "think tank influent", ce qui est déjà hautement contestable, j'y reviendrai.

https://t.co/FbtEbYaA2z

L'auteure de Desk Russie écrit que Z « pourrait même demander aux forces russes de faire de l’ordre en France face à une révolte des banlieues consécutive à ses mesures contre l’immigration » et conclue son papier par ce passage.

C’est délirant. https://t.co/tAEDI2eTz9

La publi de Rousstrat mentionnée par les deux papiers estime que Z a des chances de l'emporter en avril, ce qui donnerait lieu à une alliance Paris-Moscou-Berlin contre les anglo-saxons.

L'Obs en conclue que "le tropisme russe de Z comble les rêves les plus fous du Kremlin".

La publication a été supprimée depuis, mais reste disponible sur le cache de Google.
https://t.co/IBcszPGXhS

Que les acteurs du pouvoir russe soient plus en phase avec les idées de Zemmour que celles de Macron, c’est indéniable.

Mais en quoi un papier d’un think-tank totalement inconnu permet de publier que « le Kremlin vote Zemmour » ?

Rousstrat a été fondé il n’y a même pas deux ans par Elena Panina, députée Russie Unie. L'article de l'Obs le qualifie de "boîte à outils du Kremlin" et de "proche du Kremlin, qui dit sans doute tout haut ce que Poutine pense tout bas."

Rousstrat est surtout mentionné par la presse ultra-nationaliste : News Front, Regnum, Rex, Tsargrad, RIA FAN, Zhurnalistkaya Pravda.

Rien dans Kommersant et Vedomosti, à peine quelques mentions sur la Rossiiskaya Gazeta, RIA Novosti, TASS et Izvestia.
https://t.co/ppxsInoxOf

Sur les réseaux sociaux, ce n’est guère mieux : 370 followers sur Twitter, 460 sur VKontakte, 730 sur Facebook, 600 sur Odnoklassniki, 8300 sur Telegram.

10 000 followers toutes plateformes confondues, et encore. Pas terrible pour la boîte à outils du Kremlin.

Bref, va-t-on avoir droit, à chaque publication laudatrice de Z dans un obscur média ou think tank russe, à ce genre d’articles sensationnalistes brandissant la menace du Kremlin sur l’élection ? Parce qu’à ce rythme-là on est pas sorti de l’auberge.

Des propos dégueulasses sur Macron ou la France, on en trouve tous les jours dans la presse ou dans des think tanks russes.

Mais considérer leurs auteurs comme un bloc monolithique téléguidé par le Kremlin, c’est faire preuve d’une profonde méconnaissance du système russe.

Outre le fait qu'ils ne reposent sur aucun argument ou fait concret, ces articles posent plusieurs problèmes.

1/ Ils contribuent encore plus à populariser les thèses de Z, dans la lignée de la couverture inconsciente qui lui est réservée depuis plusieurs mois.

1bis/ Au passage, je ne suis pas certain que les sondages qui donnent Z à 15-16% soient tant le fruit des Russes que celui des centaines d’articles qui lui sont consacrés à chacun de ses faits et gestes.

Le sponsor de Z, c’est Bolloré et ses médias, pas Poutine.

2/ Ils font le jeu du pouvoir russe, qui doit se réjouir d’avance de voir son ombre planer sur la campagne pour 3000 signes publiés par un think tank inconnu.
Je vois déjà la vidéo triomphante de RT France qui va suivre, tout contents qu’on parle d’eux.

3/ Ils détournent l’attention de tentatives d’ingérences étrangères réelles, qui ne sont pas menées par des think tanks de niche, mais par des acteurs bien plus subversifs, Russes ou non, et aux pratiques radicalement différentes.

Bref, c’est juste pas sérieux.

PS/ Le groupe RIA Novosti n’existe plus depuis la réforme de 2013 qui l’a remplacé par Rossiya Segodnya, à qui le groupe RT n’appartient pas.
La marque RIA Novosti existe encore en Russie, mais a été remplacée par Sputnik à l’étranger. Quant à l’excroissance du SVR, sérieusement? https://t.co/WLoPShw0w9