[Thread] On cherchait une malle pour ranger des vinyles...on se retrouve avec un trĂ©sor inestimable et cette impression quâil nây a jamais de hasard dans la vie ......âŹïž
Samedi dernier, dans lâimprobable capharnaĂŒm dâune brocante dâEure et Loir, jâavise une grande malle poussiĂ©reuse, exactement Ă la taille que lâon cherche pour y ranger des vinyles.
Sur la malle, des autocollants de la compagnie maritime
« Transatlantique Le Havre New York » et un nom: James A. Fox».
ProblĂšme: la malle est fermĂ©e et le brocanteur, qui lâa acquise il y a quelques jours, nâa pas la clef. Et la malle nâest pas vide. Le brocanteur voudrait bien la vider avant de la vendre. Il propose de tenter de lâouvrir en cassant les attaches.
« Si vous la cassez, on ne lâachĂšte pas!». Le brocanteur hĂ©site, puis renonce et accepte de nous vendre la malle fermĂ©e avec son contenu mystĂ©rieux.
ArrivĂ©s Ă la maison, nous voilĂ au chevet de notre malle. Comment lâouvrir sans casser les serrures? Tournevis, Ă©pingles Ă cheveux, pince Ă Ă©piler...rien nây fait, les verrous rĂ©sistent. On se rĂ©signe Ă les dĂ©visser doucement, en se disant quâon les revissera ensuite.
La malle sâouvre dans un grincement dâun autre temps. Il y a deux compartiments lâun sous lâautre. Dans celui du dessus, des chemises blanches impeccablement pliĂ©es, un peu jaunies par le temps. Une ceinture de smocking en satin. Un mouchoir brodĂ© aux initiales « J.A. Fox ».
Il y a aussi des bretelles et deux paires de lunettes sans verres, Ă monture Ă©caille ultra vintage.
Et une chute de tissu, un gros velours cÎtelé ...
Et puis un minuscule carnet, un agenda de lâannĂ©e 1966...est-ce quâon a le droit dâouvrir lâagenda dâun inconnu, dâentrer dans sa vie par effraction, aprĂšs avoir fait sauter les verrous de sa valise? On hĂ©site. https://t.co/BYCcQhgVyT
Je lâouvre et tombe sur la page du 20 avril... Un rdv avec un certain Mathias de Paris Match ... https://t.co/BNei6N9yR5
Un peu plus loin...le 2 mai....il a noté le jour de son nouveau travail... https://t.co/RQOZ4rhuCy
Dans le compartiment du dessous, une grande pochette cartonnée... https://t.co/AiCH1ne0Z2
Avant de poursuivre, je dois vous dire que je suis une collectionneuse de journaux. Je conserve religieusement, depuis la fac, les journaux et les magazines des grands jours. Jâen ai accumulĂ© trois cartons. De la mort de Mitterrand Ă lâincendie de Notre Dame.
Alors quand je découvre ce que contient la grande chemise en carton, les larmes me montent aux yeux.
Ces journaux ont 50 ans. Ont-ils Ă©tĂ© ouverts? Ont ils dormi dans cette malle pendant un demi siĂšcle? Ils ont traversĂ© lâAtlantique pour arriver dans cette brocante puis chez nous. Ils paraissent si fragiles que jâai mĂȘme peur de les abĂźmer en les lisant.
Dans la chemise cartonnĂ©e, il y a Ă©galement un magazine sur lequel est encore collĂ©e lâadresse du destinataire ... https://t.co/Xd8gSamWVt
Câest donc bien lui. James Alfred Fox Ă©tait rĂ©dacteur en chef de la prestigieuse agence Magnum fondĂ©e par Henri Cartier Bresson. Il a commencĂ© Ă y travailler le 2 mai 1966.
Cette malle, câest un peu de lui. Un morceau de sa vie. Gardait-il comme moi les journaux des grands jours? Les avait-il gardĂ©s pour quelquâun? A-t-il jamais ouvert cette malle quâil a envoyĂ©e de lâautre cĂŽtĂ© de lâAtlantique?
La malle nâaccueillera pas de vinyles, je vais y transfĂ©rer mes prĂ©cieux journaux. Ils cĂŽtoieront les journaux du 21 juillet 1969.
OĂč que vous soyez aujourdâhui Jimmy, soyez certain que je prendrai soin de ces trĂ©sors oubliĂ©s ou perdus, dans une malle achetĂ©e un certain 13 juillet 2019, jour de lâopĂ©ration « on the moon again » , hommage aux 50 ans de la mission Apollo 11.