capucine piot
@capucinepiot2
Fri Feb 08 22:52:22 +0000 2019

Après des années sans compte Twitter, je sors du silence pour un thread sur la #liguedulol dont j’ai aussi été victime. Explications.

Ca a commencé à l’époque où je faisais mes premiers pas dans la presse féminine. J’avais environ 21 ans, je n’avais pas confiance en moi & j’étais sur Twitter. Tantôt à y raconter des bêtises que

l’adulte d’aujourd’hui n’assumerait plus . Tantôt à relayer les papiers que j’écrivais pour des magazines en ligne. Ah et aussi, j’avais un blog beauté. J’étais connue ici sous le pseudo xoxobcapucine.

La #liguedulol m’a repérée et a commencé son travail de sape petit à petit. Montages photos/videos visant à se moquer de moi. Archivage des petites bêtises que j’avais pu tweeter pour me les ressortir systématiquement

pendant des années, critiques récurrentes sur mon apparence... tout ça de façon régulière, gratuite, et entraînant tout un tas de twittos dans leur sillage malsain & dévastateur.

Au début, je me suis dit que c’était un ou deux types pas gentils. J’ai répondu. Erreur : c’est ce qui leur a permis de m’identifier comme un de leur joujou favori pendant un temps. Le poisson avait mordu à l’hameçon.

« Grâce » au travail de démolition parfois quotidien de la #ligueduLOL je suis devenue la cible de plus d’attaques d’inconnus, l’enfer commençait. Ensuite, il y a eu les soirérs twittos à L’Autobus dans le 11e à Paris. J’y allais avec des

amis, et aussi pour rencontrer IRL des gens avec qui j’échangeais sympathiquement sur Twitter. L’une de ces personnes est d’ailleurs l’une de mes amies les plus chères et la témoin de mon mariage. Et puis, aussi, il y avait des types

pas très intelligents. Des journalistes parisiens, entre autres, qui se mettaient à poster des photos de moi lors de ces événements, parfois à mon insu (pour quoi faire ??). Et à se moquer de moi, en face à face. C’est alors que j’ai fait le lien. Et si ces

types n’étaient pas tous un et même groupe, qui échangeait ensemble pour me traquer IRL et online ? Et si, j’en parlais à d’autres ? Et là surprise, j’ai rencontré d’autres personnes dans le même cas que moi.

Des femmes essentiellement, mais aussi certains hommes, qui étaient victimes de dénigrement permanent sur Twitter depuis des mois... et qui, comme moi, ne parvenaient plus à sortir ces trucs de leur tête.

A un moment, j’en suis arrivée à un stade où je me détestais. J’ai eu des idées sombres. A force de lire des saletés sur moi partout sur les réseaux, j’ai été convaincue que je ne valais rien. Ca a été très dur dans ma construction de jeune femme.

A plusieurs, nous avons envisagé nous regrouper pour écrire une lettre aux rédactions qui employaient les journalistes de la #ligueduLOL afin de signaler le harcèlement que nous vivions.

Ce projet était le témoignage de notre souffrance, comme un cri pour que la liberté d’expression de ces journalistes ne bafoue pas notre liberté d’exister. Ce projet a été intercepté je ne sais comment par la #ligueduLOL qui s’en est servie contre nous.

Ils nous ont humilié en place public, sans prendre la mesure de notre douleur, de ce qu’on pouvait ressentir. Là, c’était la descente aux enfers pour moi...

place publique* (pardon !)... J’ai demandé à certains membres de la #ligueduLOL de cesser. Ils ont continué, expliquant que c’était juste drôle.

L’un des personnages qui, je l’ai su après, était dans leur entourage & les côtoyait avec qui j’avais eu une relation m’a même fait croire qu’il avait le SiDA pour me faire peur, et me laisser penser que je pourrais l’avoir. Des dingues.

Je me suis retrouvée, tremblante, à faire les examens médicaux nécessaires. Pendant ce temps-là, la traque en ligne continuait. Ca a duré plusieurs années, j’ai mis ensuite plusieurs années à m’en remettre.

Ensuite, ça s’est amenuisé. Seuls deux-trois trucs sortaient, de temps en temps. Mais je n’ai jamais oublié la #ligueduLOL qui m’a clairement marquée à vie.

Aujourd’hui, j’ai 31 ans. Je vais bien. Je suis heureuse, ma vie loin de Twitter est géniale. J’ai trouvé ma voie professionnelle. Mais il fallait témoigner. Car ces ordures ne se sont jamais excusées. Car ces ordures sont

encore aujourd’hui convaincues d’avoir été dans leur bon droit. Car ces ordures n’ont pas été victime de la sale e-reputation que d’autres avaient travaillé pour/sur eux. Car je suis plus forte qu’eux.

Et car je soutiens toutes les victimes de harcèlement. Osez parler. C’est important. A un psy, un ami, un parent. Faites-le. Pour vous.

(Et je pleure en écrivant ce thread. Ressasser ces années sombres est dur. Surtout en public. Surtout en ayant toujours peur au fond de moi que ce témoignage réveille les nuisibles de la #ligueduLOL ... car oui, au fond

de moi, ils me font toujours peur...)

J’en profite egalement pr presenter mes excuses à certains twittos avec lesquels j’ai pu agressive à cette periode. Tjs sur la défensive, en plein dans la tourmente, la prise de recul était souvent compliquée.

Maintenant, vous savez (presque) tout. Merci Twitter, parfois tu es salvateur.

Bonjour Twitter, je me réveille et découvre que mon témoignage sur #LaligueduLOL a été vu des dizaines de milliers de fois. Si cela peut aider, tant mieux. La nuit ne fut pas terrible.

Relents de ce que fut cette époque. Il m’est aussi venu le souvenir d’une jeune lycéenne à peine majeure qui était leur jouet pendant un temps. Elle les admirait, comme tout Twitter à l’époque. Et les trouvait trop

cool. Elle twittait des trucs cochons pour se faire remarquer... les mecs ont plongé dedans. Et je ne sais pas comment, cette meuf est devenue leur jouet. Elle dormait tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre. Les rumeurs disaient que

certains couchaient avec elle. Les rumeurs disaient qu’elle était mineure, ou qu’elle venait d’avoir 18 ans. Clairement, j’en savais rien. Mais tout ce que j’avais compris, en la croisant à l’une des soirées à l’Autobus c’est que

cette jeune fille était un peu paumée, pensait être une « star » de Twitter via ces gars qui profitaient d’elle tel un bouffon. Un soir, me suis retrouvee dans un appart, avec certains membres de la #ligueduLOL

La gamine était bourrée. Se foutait à moitié à poil. Aucun d’entre eux l’a aidée. Elle s’est couchée dans une chambre, où j’avais mis mon tél à recharger. Je vais récupérer mon tél un peu plus tard, un mec était là, un peu trop collée à elle qui était

dans un état « comateux ». C’en était trop. J’ai demandé où elle habitait. Chantilly ou quelque part par là je crois. Je l’ai prise par la main, je l’ai fait sortir de là, lui ai offert un petit déj dehors. On a marché, ça l’a réveillée.

Et je l’ai mise dans le train pour qu’elle rentre chez elle & s’éloigne de ces gars malsains qui se foutaient d’elle collectivement IRL et en ligne sans qu’elle s’en rende compte. Bref, des choses remontent.

Bref... je retourne à « ma vraie vie ». Aujourd’hui je vais à un mariage & ces petits cons ne gâcheront pas ce moment de joie :) Bonne journée !