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Enfin son avocat lui demande comment il perçoit l'affaire. Jordan dit : "Pour moi y’a de l’instrumentalisation, je vois pas de gros barbus ni de djihadistes, je vois que des enfants (...) c’est un spectacle". L'audience est suspendue jusqu'à 16h45 #Mila

L'audience est reprise. On poursuit avec un nouveau prévenu, Pierre R. poursuivi pour cyberharcelement et menace. Il ne reconnait pas les infractions reprochées mais reconnait être l'auteur du message en question : "Faut la faire sauter" #Mila

Son message a été publié accompagné d'une photo du compte Twitter de #Mila : "C'était pas une menace, c'était un appel à suspendre son compte. Faire sauter, c'est une expression utilisée sur les réseaux sociaux" explique-t-il

"C’est clairement pas une menace de mort pour moi et ça constitue pas un harcèlement, y’a aucune mention, elle a pas vu mon message, y’a aucun hashtag, aucune mention, aucune chose qui permettrait qu’elle reçoive une quelconque notification", explique le jeune homme #Mila

Selon le jeune homme, "une personne a dû me signaler à la plateforme Pharos anonymement" #Mila

Sur le contexte, Pierre R., dit : "J’étais énervé, pourquoi tout de suite insulter une religion (...) Mais après en avoir discuté avec ma copine, je me suis rendu compte que j’aurais pu en discuter plus calmement" #Mila

"Vous avez pas dit « faut faire sauter son compte », vous avez dit « faut la faire sauter »", souligne le président
"Oui, je comprends totalement, c’est ce qu’ils (les gendarmes) m’ont fait comprendre et que mon message pouvait porter à confusion" #Mila

Le président demande s'il est possible de prouver que l'expression "faire sauter" est couramment utilisée pour parler de la suspension d'un compte. L'avocate de Pierre R. acquiesce, elle dispose d'exemples de conversations piochées sur les réseaux sociaux #Mila

"Quel est votre rapport à la religion ?", interroge le président
"Je suis athée, ma mère est catholique et mon père converti à l’islam (...) Et mon père étant musulman, ça fait pas pour autant de lui quelqu’un de violent" #Mila

Pierre R. est âgé de 20 ans, il est agent logistique et informatique, il habite chez sa mère et son casier judiciaire est vierge #Mila

#Mila n’a jamais parlé des musulmans", rappelle Richard Malka, "elle a parlé d’une religion, c’est quand même très différent (...) c’est problématique et vous lui reprochez de ne pas savoir de quoi elle parle quand elle parle d’islam"

"C’était pas compliqué de savoir de quoi on parlait (...) Il suffisait d’aller sur la fiche wikipédia de l’affaire #Mila", poursuit l'avocat de l'adolescente

Pierre R. justifie : "Quand je me renseigne sur l'actualité, je sais que je regarde souvent sur Twitter et sur le compte @Mediavenir mais je me suis rendu compte qu’il disait souvent n’importe quoi mais je regarde pas les journaux"

On passe aux questions de l'avocate de Pierre R. Elle lui demande si au début de l'affaire #Mila en janvier 2020, son client en parle avec quelqu'un

"Oui, j’en ai discuté avec mon père qui m’a dit que c’était pas normal qu’elle dise ça, qu’elle pouvait dire ce qu’elle voulait mais qu’il y avait des manières de le dire ", explique le jeune homme #Mila

Depuis le début de l'audience, on sent que les notions et définition d'injure et de blasphème sont floues ou méconnues par les prévenus. Le président veut donc proposer une définition du blasphème #Mila

"Blasphémer c’est manquer de respect envers Dieu, ou la religion, les rites, les symboles de la religion, ça c’est le blasphème. Dire que tous les chrétiens sont des cons, c’est une insulte, c’est tourné vers des êtres humains", explique le magistrat au jeune homme #Mila

Un nouveau prévenu est appelé à la barre. Nawfel T., a tweeté "#Mila, elle mérite la pomme (la peine de mort), cette transexuelle de merde"

"Il est nécessaire de remettre ce tweet dans son contexte, c’était une réponse à un sondage qui demandait qui entre #Mila et une pomme méritait le plus d’attention.", explique le jeune homme au polo vert

"Un camarade de classe a répondu qu’elle méritait plus d’attention et à la suite de ça, j’ai voulu faire une blague même si c’était pas drôle, j’ai dit qu’elle méritait la « pomme » de mort, parce que pomme ça ressemble à peine" précise le prévenu #Mila

"Mais pourquoi ce tweet vise #Mila et pas le président de la République ou n'importe qui d'autre ?", demande le président. "C'était juste une réponse à un tweet qui parlait d'elle", dit Nawfel

Son tweet a été signalé à la plateforme Pharos. Son compte a été suspendu après cette affaire pendant 24h et son tweet a été supprimé automatiquement par Twitter #Mila

"Pourquoi cette expression sur cette transsexualité supposée ?", interroge le magistrat
"Avec mes amis, on se taquine beaucoup par rapport à ça, à notre sexualité" lance Nawfel #Mila

Le président indique que Nawfel a fait des "déclarations constantes" lors de la procédure: "Et vous semblez vraiment très indifférent à tout ce débat, on sent que ça n’évoque rien pour vous". Le prévenu confirme #Mila

Il a 19 ans, en 2e année d'un BTS comptabilité-gestion, il habite chez ses parents, casier judiciaire vierge. Il se dit "passionné d'automobile et de sports mécaniques" #Mila

Contrairement à certains prévenus, il n'a pas utilisé de hashtag dans son message en référence à #Mila. Le président lui demande si selon lui, l'adolescente a pu voir son message

"Ça m’étonnerait pas qu’elle soit abonnée aux hashtags qui parle d’elle, ça paraît logique, mais selon moi elle n’a pas vu mon message" #Mila

Le magistrat lui demande ce qu'il pense de ce procès: "Si ça peut aider Mme à retrouver une vie normale (...) c’est justifié mais je pense que c’est un peu mal ciblé, si on fouille 10min sur internet on va tomber sur des choses plus horribles que le message que j’ai posté" #Mila

L'avocat du jeune homme lui demande combien d'abonnés Nawfel avait au moment des faits : "Une vingtaine", dit-il, ajoutant qu'il n'avait aucune velléité de notoriété #Mila

Plus tôt, le jeune homme avait indiqué au tribunal qu'il a déposé un dossier pour devenir gendarme volontaire. "Pourquoi?" demande son avocat. Nawfel explique que sa garde à vue et ses échanges avec les gendarmes n'y sont pas pour rien. Quelques rires fusent #Mila

L'audience est suspendue une nouvelle fois pendant 15min #Mila

L'audience est reprise. Le procureur veut poser une question au prévenu qui était à la barre juste avant la suspension. "Monsieur le président vous a demandé si vous étiez pour ou contre la peine de mort. Vous avez répondu que vous étiez contre" #Mila

Le magistrat du parquet exhume un autre tweet de Nawfel qui réagissait à la condamnation à mort d'un homme au Maroc. Le jeune avait écrit : "Fier de la justice de mon pays". Nawfel maintient sa position : "Je suis toujours contre la peine de mort" #Mila

La mère de #Mila est appelée à la barre. "Vous aviez déposé plainte en son nom lorsqu'elle était mineure", rappelle le président qui lui laisse désormais la parole

"La personnalité de #Mila est assez exubérante, dans sa gaieté, sa façon d’interagir, c’est quelqu’un de très sociable qui adore rencontrer les gens, discuter", confie sa mère

Au sujet de la première vague de cyberharcelement, la mère de #Mila décrit un "cataclysme": "On a l’impression qu’on a le ciel qui nous tombe sur la tête, c’est une autre vie du jour au lendemain, c’est la confrontation avec la haine pure"

"La religion ça a jamais été un tabou dans notre famille, on en parlait d’un point de vue culturel, qu’est-ce que c’est qu’une religion, de vivre dans une religion ou une autre", poursuit la mère de #Mila

Au sujet des vidéos de sa fille, la mère de #Mila dit: "C’est une riposte de ma fille à chaque fois sur des attaques, des menaces, des provocations"

- "Qu’attendez-vous de ce procès aujourd’hui ?", demande le président
- "Déjà d’écouter ce que les différentes parties ont à dire, écouter leurs explications, j’essaie toujours de comprendre les gens, ne pas être dans le jugement", répond la maman de #Mila

La mère de #Mila ajoute qu'elle espère aussi "que ça s’arrête": "C’est très difficile car la machine s’est emballée mais je pense que ce qui peut arrêter ça ou le freiner énormément ce sont des positions claires de la justice"

L'avocat de #Mila, Richard Malka, demande comment cette mère a vécu l'affaire. Elle décrit plusieurs phases. "La première phase ça a été la sidération", explique-t-elle, avec la mise en place de "mécanismes de défense"

"Le flot de messages, c’était pas une vague, c’était un tsunami, c’était une violence extrême, j’étais sidérée, comme si j’étais dans le film "Orange mécanique" avec des allumettes pour ouvrir mes yeux et me forcer à regarder tout ça", poursuit la mère de #Mila

Sur son banc, #Mila essuie quelques larmes, émue par le témoignage de sa mère qui ne s'était jamais exprimée publiquement jusqu'ici

À la barre, la mère de l'adolescente poursuit son récit, évoquant désormais une "phase de combat": "La 2e position c’est la position de combat pour faire en sorte qu’aucun message ne passe entre les mailles du filet, de tout enregistrer, tout faire remonter aux enquêteurs" #Mila

Elle évoque aussi les vagues régulières de cyberharcelement: "On s’est rendu compte que le harcèlement de #Mila était complètement déconnecté de la présence ou pas de Mila sur les réseaux sociaux
Il y a des faits étrangers, des faits d’actualité"

Elle cite notamment les prises de position de personnalités connues des jeunes, reliées à #Mila qui vont générer de nouvelles phases de harcèlement. Les commentaires sur l'affaire par Cyril Hanouna ont eu un effet particulièrement néfaste dit la mère de l'adolescente

"À chaque fois que cet animateur s'essuie les pieds sur ma fille, cela entraîne de nouvelles menaces et du harcèlement", indique la mère de #Mila

L'avocat de #Mila la questionne sur l’instrumentalisation supposée de sa fille : « C’est pas vraiment une personnalité dont on tire les ficelles déjà. Mila, c’est quelqu’un de très libre et de jeune aussi, qui n'a pas une connaissance très approfondie de la politique »

"Elle fait beaucoup de cauchemars, a des fluctuations émotionnelles (...) c'est très difficile et notre vie est tournée autour de ça, à l'aider, à la relever et parfois c'est elle qui nous aide à pas sombrer" poursuit la maman de #Mila

Richard Malka lui demande: "Comment voyez vous l’avenir de votre fille ?"
"On l’envisage pas l’avenir de #Mila, en fait on vit au jour le jour (...) elle-même est lucide, elle sait, de temps en temps elle nous le dit, qu’elle peut pas avoir d’avenir"

"Au-delà de la menace que tout le monde connaît, du fait de vivre en permanence dans la peur de tout et de tout le monde, comment est-ce qu’elle peut avoir un avenir quand elle ne peut aller physiquement dans aucun établissement scolaire ?" dit la mère de #Mila

"Sur le fond et la forme j’ai complètement compris la réaction de ma fille, elle a été menacée, harcelée, elle a subi des commentaires très dégradants au nom de l’islam", précise la mère de #Mila à qui un avocat des prévenus demande ce qu'elle pense des vidéos de sa fille

La mère de #Mila est à la barre depuis plus d'une heure, les avocats de la défense enchaînent les questions sur son rôle parental face au cyberharcelement, l'exposition aux médias de sa fille, son rapport à la religion, les tentatives d'instrumentalisation de la jeune femme

Les questions sont parfois difficiles, mais la mère de #Mila reste toujours très calme. "Je n'imaginais pas qu'on vous interrogerait aussi longtemps madame", convient le président de la 10e chambre.

#Mila est appelée à la barre à son tour pour témoigner. "Sur comment je l'ai vécu, je crois je n'arriverai jamais à tout dire et j'ai pas vraiment envie de pleurer maintenant" dit-elle

"Il faut que nous ayons des kleenex à portée de main" dit le président. L'avocate de #Mila s'approche à la barre pour lui en donner

- "Ça vous a fait du bien de les voir s’exprimer, réellement, de les voir ?", demande le président
- "Non", dit Mila, "je pense que pour n’importe quel victime, c’est rarement agréable de se retrouver dans un salle, même grande et d’un tribunal, avec les personnes jugées"

"De ce que je vois, la grande majorité des profils qui me menacent, m’insultent, sont ce genre de personnes, de cette tranche d’âge quoi ", dit #Mila à propos des prévenus

"Les déclarations pour la plupart d’entre eux, les messages exprimés au cours de leur garde à vue sont des messages plutôt tournés vers la tolérance, disant qu’ils ont mal reçu vos propos", souligne le président , précisant que ça a "étonné le tribunal" #Mila

L'adolescente réagit : "Quand on veut rendre justice à une personne, à une communauté, je doute que ce soit la meilleure des manières de s’y prendre et d’aller menacer une personne" #Mila

"C’est le procès de 13 personnes et d’un phénomène, mais on ne peut pas attendre un châtiment exemplaire parce qu’il faut en faire un exemple", indique le président. #Mila répond en disant qu'elle n'a aucune idée de ce qu'est une peine lourde ou pas de toute façon

"Je suis persuadée que si j’avais fait une critique de l’islam posée, sans grand mot, on serait quand même ici maintenant", estime la jeune femme #Mila

"Si je poste là un tweet avec le hashtag #Mila, comment vous arrive-t-il ? Comment il arrive sous vos yeux ?", lui demande le président. La jeune femme explique que ces messages peuvent lui parvenir par des tiers, bienveillants ou malveillants

"Il m’arrive et je l’avoue, de rechercher ce qu’il se passe sur moi" explique la jeune femme. Le président réagit : "Qui n'a jamais googlé son nom" (...) mais est-ce qu'on peut dire que les personnes qui ont publié ce message avec un hashtag vous l'ont imposé?"
"Oui", dit #Mila

Le président veut revenir sur le certificat médical qui figure au dossier. #Mila souffre d'un "trouble du déficit de l’attention et de l’hyperactivité" et le magistrat lui demande si cette maladie peut avoir une incidence sur l'affaire et sur ses réactions

"Non, ça ne me fait pas ressentir les choses différemment", indique #Mila

"Pourquoi je ne disparais pas des réseaux sociaux ? Parce que je n'en ai pas envie ! (...) j'ai tout perdu et en plus il va falloir que je me fasse oublier et que je disparaisse totalement et que je me soumette ?" interroge #Mila

Quand on lui demande pourquoi elle ne supprime pas ses comptes sur les réseaux sociaux, elle explique : "Pour moi ce serait comme demander à une femme qui se serait faite violer dans la rue de ne plus sortir de chez elle pour que ça ne recommence plus ! " #Mila

Le président n'a pas plus de questions. Il donne la parole à l'avocat de #Mila, Richard Malka. Il décrit chez elle un "trait de caractère rare" : "Pendant toute cette période, malgré tout ce qui vous est arrivé (...) Vous ne lâchez rien, vous ne pliez pas"

"Je me pose moi-même beaucoup cette question et sans prétention bien sûr. Je pense que je suis faite comme ça et c’est un fonctionnement qui est naturel pour moi" répond #Mila

"On peut facilement penser que je me suis préparée à ça, que j’avais envie de combattre pour cette cause mais c’est pas le cas, je pensais pas qu’on pouvait se retrouver dans ce genre de situation" assure #Mila

La parole est maintenant aux avocats de la défense #Mila

"Êtes-vous islamophobe?", demande l'un des avocats des prévenus. Le président lui demande de définir l'islamophobie : "Avez-vous un ressentiment particulier à l'égard de l'islam?"
"Je n'apprécie aucune religion et pas seulement l'islam", rétorque #Mila

"Vous vous considérez comme une incarnation de la liberté d'expression?", demande Juan Branco.
"Je ne me vois pas comme ça, je veux juste exercer mon droit et qu'on me laisse tranquille pour ça" rétorque #Mila

L'audience est levée pour aujourd'hui et reprendra demain avec la fin des auditions, les plaidoiries et les réquisitions. Merci d'avoir suivi ce (très long et tardif) LT. Un compte rendu moins long mais plus tardif encore sera à retrouver sur @20Minutes #Mila

Mon Jun 21 20:55:53 +0000 2021