immateriellement
@immaterielle
Tue Jan 05 23:35:23 +0000 2021

Que dire a une personne qui se confie a vous a propos d’un viol / abus sexuel / inceste, quand vous n’êtes pas un professionnel ?

Petit thread - a compléter, commenter ou corriger par tous. Ce n’est pas une science exacte, juste un avis.

Alors déjà, éviter de prendre un air absolument horrifie, prenez sur vous, restez calme. La personne qui vous parle a déjà souvent du mal a gérer sa propre émotion, ne l’obligez pas a gérer en plus la votre. Respirez, écoutez, adaptez vous a son style.

La personne qui vous parle peut adopter plusieurs systèmes de défense pour gérer son stress. Globalement, adoptez la meme posture. Quelques exemples.

La victime qui vous raconte ca d’un ton badin, voire en riant, ou dans un autre style de manière clinique et sans émotion, le fait probablement pour ne pas être submergée. Laissez la faire comme elle veut. Restez emphatique mais suivez sa stratégie.

Si au contraire elle déborde d’émotion, craque, ayez un comportement contenant (écoute active, tenir dans ses bras si rapports de confiance forts, expression d’empathie chaleureuse, etc), mais toujours en tentant de maitriser vos affects.

Le plus complique est la victime qui vous dit une phrase puis se referme immédiatement et reste silencieuse (ou change totalement de sujet). La non plus, pas de recette miracle. Rassurer au max. Eviter le long silence malaisant.

Creez un environnement favorable : calme, offrez un the ou un verre, fermez la porte, montrez que vous avez le temps, etc - si le moment est mal choisi, montrez que vous avez entendu, proposez d’en parler a tel moment, car c’est important et que vous voulez l’écouter vraiment.

Le silence est souvent mal vécu par les victimes, pour des raisons évidentes. Si elle reste mutique, posez des questions ouvertes, sans jamais forcer, axez d’abord sur ce sur quoi elle est le plus a l’aise (contexte, périphérie, ressenti actuel, a l’instinct), tout en douceur.

Contextualiser rend plus facile la restitution des faits et la parole (ca marche pour tout, tout s’inscrit dans une histoire, c’est parfois plus simple de commencer par le début)

Une confidence, c’est comme un artichaut, c’est feuille après feuille qu’on arrive au coeur.

Ecouter c’est bien, mais les mots que vous allez dire sont également importants. Quelques phrases qui font du bien (a adapter évidemment).
- écoute et soutien : « Je t’écoute »(ca va mieux en le disant) « si tu as besoin de moi, tu peux compter sur moi », « je t’aime », etc

- déculpabilisation, revalorisation : « ce n’est en aucun cas ta faute, c’est la sienne », « je suis fière d’être ton amie », « tu es une belle personne » Rassurez la, vous ne l’aimez que plus d’être ce qu’elle est, reconnaissant de sa confiance et heureux de mieux la connaitre.

- explication / sens (pour ceux qui connaissent le sujet) : fonctionnement du trauma, de la dissociation, procédures d’évitement, etc
- pour tous propositions d’aide (psy / plainte / asso / ami fiable / mais aussi un week end tranquilou, de l’amitié, ce que chacun peut..

Chose importante, si vous ne vous sentez pas capable de l’écouter (parce que trop douloureux pour vous, ou que ca raisonne avec votre histoire, ou que sais je encore), dites le et essayez de la diriger vers quelqu’un qui pourra.

Enfin, la question qui tue, fréquente, que faire quand quelqu’un ne veut pas porter plainte.
Il n’y a pas de réponse, mais quelques pistes.. si la situation est ancienne et terminée (victime définitivement a l’abri), je dirais que c’est sa decision. Respectez la.

En revanche si la situation est en cours, ou qu’il y a un risque que l’auteur s’en prenne a quelqu’un d’autre, c’est plus complique. Diriger vers un professionnel (psy, avocat, asso) peut être un premier pas. Attendre un peu qu’elle soit prête en la soutenant un autre.

Si le refus est plus catégorique, je ne peux que vous donner un avis humble, car c’est difficile. Il est assez simple, si la personne est en danger, physiquement ou psychiquement, intervenez. Appelez la police vous meme, et sachez qu’on a l’habitude de traiter ce type de cas.

Voila. Encore une fois il n’y a pas de parfaite manière d’écouter quelqu’un d’autre. Etre bienveillant, c’est déjà pas mal. Je finirai par une question aux victimes : qu’auriez vous aime qu’on vous dise ? Qu’est ce qui vous a aidé(e)s ?

Par ailleurs, il est préférable d’éviter les injonctions.
Ex - tu devrais / il faut porter plainte > « tu peux porter plainte, et moi je peux t’accompagner ». (marche aussi pour les plaintiers en commissariat - vous pouvez porter plainte, et moi je vais vous écouter)

Wed Jan 06 11:41:03 +0000 2021