Comme on a pas mal parlé des enseignants récemment, notamment ceux d'EPS, le moment est peut-être bien choisi pour ressortir le concept (inventé sur un coin de table, mais assez efficace) de "l'élève blessé". (1/9)

L'école est l'un des premiers lieux de sociabilisation. Avec des enfants de notre âge, avec des adultes, et pour longtemps. C'est déplorable, mais du fait du temps et du grand nombre de personnes croisées, de nombreuses personnes y connaîtront... (2/9)

... De mauvaises expériences. Brimades, injustices, violences, cours d'EPS épouvantables, donc. Il me semble que, dans la très grande majorité des cas, il s'agit de faits davantage liés à des individus qu'à la structure même de l'école... (3/ 9)

... (même si celle-ci est très loin d'être parfaite). Le souci est que, étant humains, nous colorerons de ces mauvaises expériences individuelles l'ensemble de l'enseignement. Ma détestation des maths est l’œuvre de deux profs particulièrement infects. (4/9)

Nous grandissons mais cet.te élève ayant connu des blessures physiques, morales ou mentales reste bien souvent présent, et à vif, dans notre conscience. Et nous amène à réagir épidermiquement lorsqu'il est question d'éducation. (5/9)

Et l'argument "être un élève ne permet pas de comprendre l'école" est souvent très mal reçu, car il peut passer pour une négation des expériences, valides, éprouvées quand nous étions mômes. Penser l'école comme un système, sans affect... (6/9)

... est souvent très compliqué. Et les profs sont souvent légèrement suspects. Une des questions que l'on me pose le plus souvent quand je parle de mon métier est "Ah, moi je détestais le français, tu fais quoi pour donner envie ?" (7/9)

Et cette position délicate de l'école rend malaisé la tâche de se réapproprier cette structure, de plus en plus souvent instrumentalisée par nos dirigeants, cf la récente sortie de J-M Blanquer sur l'EPS. (8/9)

Cet indigeste fil pour dire que les problèmes individuels existent. Qu'heureusement, ils sont de plus en plus perçus et traités, même s'il reste du boulot. Mais aussi que penser l'éducation comme un système, en mettant ses expériences à distance, est important. (9/9)