sebastian roché

Les "faits divers", les deux décès suite à des tirs policiers sur un véhicule et ses deux occupants à Vénissieux relance une question importante et un peu passée sous les radars.

La multiplication des homicides policiers sur les conducteurs ou occupants de véhicules depuis la loi de 2017 mérite attention. Encore deux morts de plus. Les diagnostics de la perte d’autorité ou la violence grandissante sont les mamelles des discours de certains syndicats…

2/ de police, et de certains de leurs conseils. Pourtant, aucune preuve précise n’a été apportée sur les refus d’obtempérer comme indicateurs de ces tendances. Il faut commencer par le commencement : il n’y aurait pas de refus d’obtempérer s’il n’y avait pas de contrôle…

3/ Plus on fait de contrôle plus il va y avoir des refus. C’est mécanique. Ceci signifie que pour affirmer qu’il y a une propension croissante au refus d’obéir il faut connaître deux valeurs : le nombre total de contrôles, et le nombre total de refus.

4/ Or, l’onisr ne publie pas le nombre total de contrôle. On ne peut donc pas affirmer que la propension au refus augmente, car … on n’en sait rien ! On peut regarder, faute de mieux, la part des refus avec mise en danger par rapport aux refus sans mise en danger. Et que …

5/ … constate - t - on ? En 2012 il y a 2.500 refus dangereux pour 19.000 refus non dangereux. C’est 13%. En 2020 (dernière année dispo) il y a 4.500 pour 26.600 soit 17%. Il y a bien une modification de 4 points en 10 ans, mais rien qui ressemble à un tsunami. L’essentiel de…

6/ … l’augmentation semble bien être liée à l’augmentation du nombre totale des contrôles (approximé par les refus simples). Surtout, cette hausse de 4 points n’explique pas la hausse de la violence policière. L’usage des armes est l’expression la plus directe de celle-ci.

7/ il n’existe pas encore d’étude publiée dans un journal académique, il faut rester prudent, mais les premières évaluations à partir des sources ouvertes de l’usage mortel des armes par la police est assez inquiétant. En effet, …

8/ … le site bastamag parle d’une augmentation sans rapport avec quelques points, bien plus massive https://basta.media/refus-d-obtemperer-quatre-fois-plus-de-personnes-tuees-par-des-policiers-depuis-cinq-ans… Le rapport annuel de l’IGPN confirment d’ailleurs l’élévation du nombre de tirs.

9/ Si les résultats se confirmaient, ils expliquerait le bruit médiatique de certains syndicalistes de police (perte de l’autorité et lsociété violente) : il aurait pour but de faire rater aux journalistes la tendance de fond d’augmenter des violences policières mortelles.

10/ Et… cela n’a d’ailleurs pas trop mal marché car même la presse de qualité reprend les propos des dites organisations.

11/ La multiplication des tirs policiers mortels est un danger pour le 1er des droits humains, le droit à la vie. Et le fait que certaines personnes tuées par la police aient commis des délits n’autorise pas à les exécuter. Il faut questionner la pertinence de la stratégie…

12/ … de multiplication des contrôles. Sont-ils efficaces ? Réduisent ils effectivement la délinquance ? Rien ne prouve que leur multiplication a bien l’effet qu’on leur prête. Sont-ils efficients, c’est à dire leur efficacité est elle élevée en tenant compte de leurs coûts ?

13/ On peut en douter étant donné le nombre de tués dénombrés. Le coût social est donc de plus en plus conséquent. J’ajoute que la quasi impossibilité (pas totale) par une cour de montrer la responsabilité du policier tireur - en raison d’une loi trop floue- ouvre…

14/ … plus grande encore la boite de Pandore de la violence policière, et qu’il sera fort malaisé de refermer.

Sat Aug 20 16:38:19 +0000 2022